L'histoire :
Thomas Below, le majordome du célèbre club londonien le Green Manor, vient de casser sa pipe, laissant derrière lui un cahier gribouillé d’une écriture de dément. Son médecin et confident, à qui revient la pénible tâche de déchiffrer ces textes, y découvre les dernières anecdotes morbides dont l’homme fut témoin au cours de sa carrière. Il y a notamment l’histoire de ce Lord paralysé et muet depuis un mystérieux accident, qui lègue la totalité de sa colossale fortune à qui résoudra l’énigme suivante : « Quelle est la réponse à cette question ». Le cahier contient également la confession d’un petit homme malingre et cruel, persuadé d’être l’ange de la mort parce qu’il tue gratuitement des quidams depuis des années, sans jamais avoir été inquiété. Ou encore l’histoire de ce médecin tellement ébloui par le talent de feu William Blake, qu’il décide de pratiquer une autopsie sur le cerveau du poète, persuadé d’y trouver la révélation, sans se douter que ses collègues lui préparent une mauvaise blague... Puis vient l’anecdote des deux chasseurs blasés qui ne trouvent rien de plus excitant que de se traquer l’un l’autre. Enfin, le récit du milliardaire qui fait hériter au compte-goutte les membres de sa famille, en fonction de leur comportement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour leur troisième (et dernier ?) volet, Fabien Vehlmann et Denis Bodart ne changent pas leur recette d’un iota. Le club « so british » Green Manor rassemble la majeure partie de ce que le Londres victorien compte comme gentlemen assassins. Les desseins de ses membres sont autant de mesquineries noblement assumées que de chausse-trappes machiavéliques. A travers les confidences du majordome (dorénavant défunt), le duo d’auteurs livre 5 nouvelles policières empreintes d’humour noir et de cynisme. Au scénario, Vehlmann s’impose comme le digne successeur en BD des Agatha Christie, Conan Doyle ou Georges Simenon, inventeurs d’un genre où l’art de la machination n’a d’égal que le raffinement de l’acte. Le génial scénariste n’abuse pas trop des facilités du genre (la mort des uns fait souvent la richesse des autres) et ponctue en général ses histoires par une conclusion surprenante bien sentie (la chute de Duel au Sommet, l'une des histoires, est un modèle du genre). Le dessin humoristique de Denis Bodart rehausse avec savoir-faire les caractéristiques physiques du flegme britannique dans une délicieuse ambiance victorienne. Un nuage de ciguë avec votre thé ?