L'histoire :
Dans une forêt, une bande de braconniers viennent de mettre la main sur une espèce rare, que certains disent même éteinte : l'Homme. Après avoir tué le couple d’adultes, les braconniers animaux capturent les deux enfants, une fille et un jeune garçon. Ils les emmènent dans leur cabanon afin de les examiner en vue de la vente. Le marchandage tourne court, car le comité de vigilance sur la question humaine, mené par un gorille, déboule dans la cabane afin d'arrêter les braconniers. L'acheteur, un ragondin gérant d'une oisellerie, a tout de même le temps de s'enfuir avec les deux spécimens. Un journaliste cochon du nom de Fulgence Schwein a tout observé. Il décide de suivre le ragondin et sa précieuse marchandise, mais il perd hélas sa trace. De retour à son magasin, le ragondin doit faire face à l'inondation de sa cave : la Seine est sur le point de déborder. Soudain, un client tigre habillé de manière très chic vient lui acheter un toucan, pour l'anniversaire de sa fille. En passant, il découvre les deux enfants dans leur cage et se ravise : l'un d'eux sera finalement le cadeau pour sa fille. L'oiselier refuse car ils sont déjà réservés pour un autre client. Devant l'insistance et la forte somme d'argent proposée par le tigre, il accepte néanmoins d’en céder un des deux. Le ragondin fait ensuite croire à son second client que l'un des deux enfant est décédé durant le voyage...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
De manière originale et avec l'humour noir dont il a le secret, le scénariste Hervé Bourhis (Ingmar, Piscine Molitor…) renverse radicalement les codes. En effet, ici, ce sont les animaux qui dirigent le monde et les humains sont une espèce sauvage, en voie d'extinction, traquée par des braconniers. Dans cet univers zoomorphe (comme Blacksad), le gouvernement fait croire que l'homme est une espèce sauvage, impossible à éduquer. On découvre très vite que la réalité est toute autre. Cela prend bien entendu le contrepied du peu de scrupule que l’humain occidental accorde de tous temps au règne animal, voire par extension aux tribus « inférieures » (en référence à l’esclavagisme ou à la controverse de Valladolid). « Ne leur donnons pas le même statut que nous de peur qu'ils nous surpassent ! ». Très bien construit, le récit montre, via les différents protagonistes et au fil de l'histoire, les réels enjeux poussant les animaux à traquer les humains. La mise en images est assurée par le reste du trio, à savoir Rudy Spiessert au dessin et Mathilda aux couleurs. Toujours dans un ton à la fois simple et stylisé, le dessinateur nous présente un Paris du début du 20e siècle inondé (donc a priori 1910 ?), un cadre plaisant et agréable où se côtoient une pléiade d'animaux différents cohabitant plus ou moins entre eux. Un excellent one-shot !
