interview Bande dessinée

Rudy Spiessert (alias Pluttark)

©Fluide G. édition 2012

Rudy Spiessert, le dessinateur des séries humoristiques Ingmar, Le Stéréo club, Naguère les étoiles travaille aussi sur des choses moins grand-public à travers le pseudo Pluttark (Sexe, désirs et petites contrariétés). Né dans un cirque, fidèle collaborateur d'Hervé Bourhis, l'auteur est le premier qui a osé comparer Brigitte Lahaie au Dalaï-Lama. Et tout bien réfléchi, c'est pas si incongru que ça. Bref, découvrez un auteur aussi marrant en interview que dans ses albums...

Réalisée en lien avec l'album Sexe, désirs et petites contrariétés
Lieu de l'interview : le cyber-espace

interview menée
par
22 juin 2012

Bonjour Rudy alias Pluttark ! Comment te présenterais-tu (auprès d’un lecteur qui ne te connait pas) ? Comment en es-tu venu à faire de la BD ?
Rudy Spiessert : Bonjour. Eh bien disons que j'ai choisi la BD parce que champion de tennis c'est trop fatigant et star du rock c'est sympa mais il faut mourir jeune.

© PluttarkQuelle est ta politique d’utilisation de ton vrai nom et de ton pseudo : quand utilises-tu Pluttark ; quand utilises-tu Rudy Spiessert ?
RS : En temps normal je suis Rudy Spiessert, Pluttark est mon côté obscur. Comme Hulk avec Bruce Banner sauf que je ne déchire pas ma chemise.

Tu sembles à l’aise dans tous les registres : chronique sociale, aventure historique, gags… Un fil rouge se démarque toutefois toujours : l’humour ou la dérision. C’est ton crédo ?
RS : Oui, la bande dessinée d'humour c'est ce que j'aime lire. Sérieusement, je voulais faire ça depuis l'âge de huit ans, après avoir lu la Rubrique à Brac de Gotlib.

Comme tu le racontes dans Les villes d’un jour, tu as passé une partie de ton enfance au grand cirque Zimmer. Du coup, tu sais jongler, faire du monocycle, te mettre debout sur un poney au galop ?
RS : Rien de tout ça, j'étais totalement inadapté à ce monde. Et je dessinais déjà tout le temps.

Tu as beaucoup bossé avec Hervé Bourhis… Pourquoi, comment votre collaboration est-elle née ?
RS : On s'est connu quand on était étudiants, puis on s'est perdu de vue. Il m'a recontacté quelques années plus tard en me proposant le scénario du Stéréo Club, j'ai tout de suite dit oui. C'est une des seules personnes dont les blagues me font toujours rire, ça doit être pour ça qu'on travaille encore ensemble après toutes ces années.

Naguère les étoiles (NDLR : la transcription de la trilogie de George Lucas dans un contexte médiéval burlesque) fait partie des super idées que tous les fans de Star Wars et/ou de BD auraient adoré avoir. Les idées de transposition entre les deux univers vous sont-elles venues facilement ou est-ce que ça n’en a pas l’air, mais ça demande tout de même beaucoup de boulot ?
RS : Des années de réflexion, un travail de recherche titanesque et… Non, en vrai ça s'est fait très spontanément, on a beaucoup ri en faisant ces albums.

As-tu des nouvelles d’Ingmar ? Que devient-il ?
RS : Ingmar est porté disparu. Mais si tous nos lecteurs écrivent à la rédaction de Spirou en exigeant son retour sous peine de s'immoler, il y a une infinitésimale chance pour qu'il revienne.

Comment qualifies-tu ton style de dessin ? Ce trait « caricatural synthétique « a toujours été le tiens et s’est imposé naturellement ? N’as-tu jamais essayé de te lancer dans un registre radicalement différent ?
RS : Pluttark a un style très graphique, volontairement très simple. Mais quand je travaille sous mon vrai nom j'essaie des choses différentes. Un album comme Hélas chez Aire Libre est dessiné dans un style tout autre.

© PluttarkQuelles sont tes techniques de dessin ? (croquis, informatique… ?)
RS : Ça dépend des jours, je n'ai aucune constance. En ce moment je travaille beaucoup à la tablette graphique, mais ma fille ainée se moque de moi, elle dit que c'est pas du vrai dessin. Alors je vais peut-être me remettre aux crayons.

Si tu n’avais pas été auteur de BD, qu’aurais-tu fait ?
RS : Je ne sais pas. Moine trappiste. Ou gardien de zoo, un truc contemplatif. Non, sérieusement je ne sais rien faire.

Le grivois est-il l’écueil à éviter quand on se lance dans un album comme Sexe, désirs et petites contrariétés ? Comment te sont venues les idées de « gags « pour cet album ?
RS : Oui, c'est très facile de faire rire avec des gens tous nus, mais le côté « blagues de cul » c'est ce que je voulais absolument éviter. D'où un humour à froid, un peu distancié. Pour les idées, j'ai dû lire l'intégralité des forums sexe de Doctissimo, c'était éprouvant.

Y a-t-il des situations que tu n’as pas osé mettre en scène, parce que trop trash ?
RS : Non, je n'ai rien censuré, je crois qu'on peut parler de tout si on trouve le ton juste.

Quel est le secret de l’épanouissement sexuel ?
RS : Ah non mais je n'ai aucune compétence en la matière, pour ça il faut écouter Brigitte Lahaie à la radio. D'ailleurs elle a cité mon album sur son blog, j'étais ému. C'est un peu comme si j'avais fait un livre sur le Tibet et que le Dalaï-lama en parle.

Plus généralement, qu’est-ce que tu cherches à « générer « chez le lecteur à travers tes albums ?
RS : En ce moment, je cherche uniquement à le faire rire, je me dis que c'est bon pour mon karma.

Quels sont tes projets à long terme, ainsi que les albums / séries sur lesquel(le)s tu travailles actuellement ?
RS : Je travaille sur un album qui parle de cinéma, de films cultes pour être exact. Alien, Citizen Kane, La boum. (Attention il y a un intrus dans cette liste). Les premières pages seront pré-publiées dans Fluide Glacial à la rentrée.

Si tu avais le pouvoir cosmique de pénétrer dans le crâne d’un autre auteur (pour comprendre son art, ses ficelles, son génie…), tu irais voir chez qui et pour y trouver quoi ?
RS : En ce moment j'irai voir chez Charles Burns, l'auteur de Black Hole, dans le but de découvrir comment il fait pour dessiner les cheveux de façon aussi sensuelle. Peut-être parce qu'il est chauve ? Houlàlà c'est profond ce que je dis…

Merci Rudy !