L'histoire :
Avant de se prénommer « Héliotrope », la jeune adolescente était tout à fait ordinaire, elle avait la même couleur que les autres. Elle était comme tout le monde. Enfin... dans les grandes lignes. Le matin, elle donne sa vodka à sa mémé avant d'aller au collège. Oui, car ses parents sont incarcérés. Ils sont voleurs d'objets magiques, et ils se sont fait prendre lors d'un vol à Moscou. Bon. Ça, Héliotrope ne le précise pas aux enseignants ou à ses amis... Elle coche la case « sans profession » sur les papiers annuels qu'on lui demande à la rentrée. Sinon, cela attirerait les services sociaux... Et au collège, elle craque pour une jolie blonde, Calypso, qui est assise devant elle en cours. D'ailleurs, c'est décidé : elle va se rapprocher d'elle, et lui avouer son amour. Elle lui offre un sandwich, discute avec elle dans la rue, essaie de l'embrasser (mais échoue). Elle lui propose donc d'organiser un vrai truc magique par amour pour elle. Car Héliotrope est comme ça : quand elle aime, elle donne tout ! C'est décidé, elle va emmener Calypso chez elle. Elles traversent un immeuble et arrivent devant une grande maison. Elles sont accueillies en trombe par la grand-mère d'Héliotrope, qui tire des coups de fusil sur cet intrus. Sa petite-fille lui demande de se calmer, c'est une amie ! Mais Calypso trébuche sur un iguane à la bave venimeuse, et elle doit tout de suite aller se rincer. La mémé refuse de parler en présence de Calypso des secrets de la famille. Héliotrope la rassure, elle peut parler sans crainte : elle vient d'épouser Calypso !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joann Sfar et Benjamin Chaud s'associent pour une toute nouvelle série jeunesse publiée aux éditions Dupuis. Attention tout de même, car par « BD jeunesse », il s'agit d'entendre « à partir de 10-11 ans ». Cet album s'adresse en effet plutôt à des classes collège. Car l'absurde, des propos parfois vulgaires et quelques scènes peu ragoûtantes parsèment l'aventure. Cette collaboration fonctionne, bien qu'on ait parfois l'impression que le titre soit réalisé par un unique auteur. Les dessins de Benjamin Chaud puisent en effet dans le style Sfar. La narration est déjantée et rythmée, le titre fait sens. L'absurde du scénario, les péripéties en pagaille et le style dense, qui part un peu dans tous les sens, pourront en déstabiliser plus d'un. Mais l'énergie de l'album pousse le lecteur jusqu'aux dernières pages. L'héroïne principale est pleine de peps, d'entrain et de détermination, elle a du caractère. Elle peut énerver parfois, mais elle vit sa vie comme elle l'entend, en allant toujours au bout des choses, en étant parfois extrême. On notera quelques allusions aux autres albums de Sfar. L'un des personnages rencontré par Héliotrope est la vampire Aspirine, déjà exploitée dans une autre série de l'auteur. Et puis l'ambiance, l'énergie, rappellent parfois les albums de Petit Vampire. Ce premier tome intéressant a le mérite d'innover et de proposer quelque chose de différent pour le public jeunesse. Les auteurs construisent un véritable univers autour de leurs personnages, un univers qui pourra séduire comme déstabiliser.