L'histoire :
Patrice Heller, chef d’une bande de criminels, a réuni son équipe pour l’attaque d’un fourgon blindé. Ils n’y vont pas par quatre chemins, en agissant directement sur le ring (périphérique) de Bruxelles. Une queue de poisson est faite au fourgon, pour qu’il se coince contre la rambarde de sécurité ; un carambolage est généré quelques dizaines de mètres en arrière, pour nettoyer le terrain d’action. Et tant pis si les gardes refusent de sortir : on fait exploser la porte. Résultat : 2 morts et une maigre quête, car les caisses de billets étaient piégées à la peinture rouge. Le commissaire Paul Dambre écope de l’affaire, qui n’aboutit pas. Quelques mois plus tard, la même équipe récidive différemment et le même commissaire enquête. Cette fois, la bande à Heller a kidnappé José Van de Coo, ancien président du gouvernement wallon, coulant aujourd’hui une retraite dorée. Par mail interposée, une demande de rançon est formulée à son fils. La somme reste modeste – 1,5 million – car VDC, comme on l’appelle, avoue être bien moins corrompu que ne le suspectaient les médias. L’échange devra avoir lieu à Genève, aux abords du lac Léman, et la police ne doit impérativement pas intervenir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Interpol se distingue de la plupart des séries d’action ou des thrillers par son concept. Il s’agit ici de mettre en scène et de romancer des faits criminels authentiques, qui ont nécessité l’intervention d’Interpol (la police transfrontalière adossée aux accords collaboratifs de 188 pays). Attention : en aucun cas les auteurs ne cherchent à coller aux évènements authentiques. Il s’agit bien de s’en inspirer pour en extraire une version musclée et/ou goupillée pour être la plus captivante possible. A chaque épisode, les terrains d’action nationaux seront donc différents et les protagonistes aussi. C’est la raison première pour laquelle on sent bien que le scénariste Alcante ne s’investit pas trop dans la psychologie des personnages et leur empathie. Dans ce premier tome, le bandit Heller est presque plus sympathique que le commissaire qui parviendra à le coincer. Car oui, la série est tout de même « grand public » : classiquement, des flics opiniâtres remontent des pistes qui s’avèrent viables et aboutissent à une issue favorable. Cette première enquête est donc parfaitement dosée, efficace, fluide, sans la moindre incohérence… presque trop propre ! Le dessin réaliste de Steven Dupré, qui délaisse un temps les contextes médiévaux humoristiques de Kaamelott, pour un décorum urbain contemporain impeccablement rendu, vient encore renforcer cette limpidité narrative. Bref, il n’y a pas grand-chose à reprocher à l’épisode pilote de cette nouvelle série, si ce n’est justement le manque d’originalité de la forme, pour un concept présenté comme novateur dans le fond.