L'histoire :
L’ombre qui tue : Alors que les journaux parisiens font leurs Unes sur une mystérieuse silhouette apparue au sommet de l’opéra pour, d’un jet de sarbacane, faire une énième victime, il y en a un qui escalade les toits pour une toute autre raison : rentrer tout simplement dans son appartement. Le jeune Jérôme K Jérôme Bloche redouble ainsi de prudence, tel un studieux élève mettant en application les cours de détective qu’il reçoit par correspondance. Et justement, son prochain exercice consiste en une filature qui le mène bien malgré lui sur la piste de la prochaine victime de « l’ombre qui tue »…
Les êtres de papier : Fini le doux temps des études par correspondance : Bloche est un vrai détective… qui manque néanmoins cruellement de clients. C’est pourquoi cet appel au secours, cette missive et cette belle avance, sont une aubaine qui le projette rapidement dans le train pour La Rochelle et le château des « Etres de papier ». Arrivé sur place, pourtant, c’est un notaire qui l’accueille en lui indiquant que toute cette mise en scène n’est qu’une nouvelle facétie de son ami le Baron de Verville. Il l’invite ainsi à reprendre le train pour Paris, mais c’est bien mal évaluer l’entêtement de notre héros…
A la vie, à la mort : En vacances à Bergues chez son oncle Sébastien, Jérôme K. Jérôme Bloche est piqué au vif par l’étrange mystère qui anime la petite ville depuis quelques temps : un généreux et inconnu donateur dépose de grosses liasses dans la boites à lettres de certains habitants. Tout cela ne semble, cependant, rien avoir avec le hasard. Et l’oncle de Jérôme ne parait pas si innocent qu’il voudrait le laisser croire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout frais auréolé du prix de la meilleure série lors du festival d’Angoulême 2010, l’éternel jeune détective, enfermé depuis presque 30 ans entre les 4 coins d’une case de BD (un comble pour celui qui en a mis plus d’un sous les verrous) nous offre son intégrale couleurs et petit format. Qu’on ait rencontré le sympathique Jerôme K. Jérôme Bloche à l’occasion de l’une de ses 21 aventures ou qu’on fasse connaissance avec son impair à la Colombo et son solex pour la première fois, cette invitation à l’accompagner en intégralité est une proposition à ne pas manquer. L’obligation de suivre ses pérégrinations savoureuses tient pourtant à peu de choses : une bonhommie évidente qui le rend immédiatement attachant et des intrigues qui, l’air de rien, avec leur ton résolument léger, se révèlent particulièrement efficaces et captivantes. Sous ses atours de héros jeunesse maladroit et préoccupé par le nombre de tartines à ingurgiter au petit déjeuner, Bloche s’intègre à merveille aux mystères qui animent ses enquêtes en se laissant porter jusqu'à leur résolution, tel un petit grain de sable taquin qui met un terme à la bonne lubrification du crime ou de l’escroquerie. Les 3 premiers récits ici proposés ne s’élèvent pas encore au sommet, mais ils plantent impeccablement l’univers. En outre, ils troussent avec humour et un certain brio, 3 intrigues policières gonflées, qui plus est, par une accessibilité qui comble le lecteur de 7 à 77 ans. Le dessin d’Alain Dodier souffre simplement, ici, de sa petite trentaine. Cependant, il est déjà incroyablement lisible, dynamique et possède ce petit coté « publication Spirou » prompt à raviver avec nostalgie les souvenirs de nos premières lectures de phylactères, qui allaient nous conduire vers une lente mais inévitable addiction.
