L'histoire :
La première fois que Jessica rencontre Blue, c’est aux abords d’un wagon snack, par une froide journée d’hiver. Seul dans la bise glacial, Blue joue un air d’harmonica, cheveux bruns au vent, le regard profond. Quand Jessica sort du restaurant, il cesse de jouer et lui demande si elle est bien Stella Lamb. Jessica dément et poursuit son chemin. Mais à peine s’est elle engagée dans une ruelle voisine qu’un coup de feu retentit. Elle revient sur ses pas et découvre le cadavre de la jeune femme qui déjeunait quelques minutes auparavant à ses côtés. Le revolver avec lequel le joueur d’harmonica vient de l’assassiner est posé sur le sol, une plaque au nom de Stella Lamb scellée sur la crosse. Une signature bien connue des forces de police. L’arme va en effet rejoindre une collection d’une trentaine d’autres, toutes gravées au nom des victimes. Mais lorsqu’il s’agit pour Jessica de témoigner, impossible de se souvenir du visage du tueur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’ambiance de Jessica Blandy se caractérise systématiquement par une nostalgique pesante, celle que jouent les pianistes alcooliques au fond des bars miteux. Comme le titre l’annonce, un harmonica accompagnera le blues de Jessica dans ce nouvel album. Jean Dufaux renouvelle l’exercice dans un épisode teinté de fantastique, s’offrant au passage une réflexion sur la destinée et la rédemption des êtres. Le tueur à l’harmonica, telle la grande faucheuse, semble de mèche avec ses victimes, qui l’attendent pour partir soulagés d’une vie pénible. De son côté, Renaud livre avec subtilité des ambiances froides, ternes, tristes, des ciels décolorés et des espaces désertés… Et lorsqu’il s’agit de créer une ambiance de dîner romantique au bord de l’océan, au diable les chandelles et les violons tziganes ! Jessica et Blue restent simplement emmitouflés dans leurs manteaux, sous un ciel d’hiver grisonnant. Bouh, la grosse déprime !