L'histoire :
Jessica Blandy, romancière américaine, femme libérée et tourmentée, trouve sur sa route un nombre impressionnant de détraqués qui s’expriment en tuant de manière atroce d’innocentes victimes. Elle est cette fois recherchée par des hommes prêts à tout : Carrington, un vieillard richissime, Jeremy Cuzak, son employé, Adam Pendler, un privé et Ricardo Valdez, un policier. Mais, Soldier Sun, ancien membre d’une secte, et sa fille Agripa figurent parmi les plus dangereux. Amant de Molly, la femme de Cuzak, Soldier se fait engager par son mari comme garde du corps. Cuzak le charge de tuer le privé qui s’est confié à la police. A travers des rapports médicaux volés, les protagonistes cherchent à reconstituer les faits et gestes de Jessica. Ils apprennent seulement que son psychiatre, le docteur Bernardht, cherchait le Buzzard, un musicien qui appartient au passé de la romancière. Soldier le retrouve, ainsi que sa fille Stella, puis se fait piéger par Cuzak qui le blesse mortellement. De son côté, Agripa tue comme elle respire et tronçonne ses amants, des hommes ayant croisé un jour la route de Jessica. Le premier à y passer est le docteur Bernardht…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Créée en 1987, Jessica nous a quittés en 2006. Dans le dernier album de la série, Les Gardiens, le scénariste Jean Dufaux s’explique longuement sur ce départ… mais cela n’empêche pas des milliers de lecteurs de regretter cette décision. Il a toutefois laissé une porte ouverte : il restait quelques témoignages à découvrir pour évoquer sa vie nouvelle. Avec La route Jessica, c'est reparti pour un cycle de trois albums. Le scénario de Daddy ! est construit comme une boucle, car il se termine au commencement de l’album. Le ton est donné dès le début : violence, meurtres sanglants, sexe et mystère. Mais les mobiles des protagonistes restent obscurs. On ne sait pas pourquoi ils cherchent Jessica, ni qui les envoie. Comme toujours, Dufaux accorde une grande importance à la psychologie de ses personnages. Les plus marquants sont Soldier Sun et sa fille Agripa. Quant à Jessica, sa présence plane sur de nombreuses scènes, sous forme de flashbacks. On ne s’en plaindra pas, car c’est une personnalité riche, humaine et contrastée. Elle revient de l’enfer, là où l’alcool et la drogue vous font sombrer. Sa bisexualité la rend d’ailleurs encore plus intéressante. Enfin, il n’est pas inutile de relire Les Gardiens pour profiter pleinement de cette « renaissance », car le scénario y fait référence. Pour illustrer ce polar sanglant, Renaud nous gratifie de superbes séquences rouge sang ou couleur chair (pour les peaux des femmes qui s’abandonnent). Son trait réaliste et expressif court sur la planche pour nous offrir de purs moments de plaisir. En outre, les couleurs illuminent cette histoire sombre et énigmatique. Ce thriller nourri d’éléments fantastiques donne envie de relire la série tout entière car c’est surtout Jessica qu’on a envie de revoir !
