L'histoire :
Nino râle car il faut débarrasser la table après le repas. Une machine serait bien pratique pour faire cela, à l’instar de celle qui fait la vaisselle. Son érudite grande sœur Ariane lui explique qu’un esclave, comme il en existait autrefois, aurait été mieux adapté à ce genre de tâche pénible. Devant la stupeur de Nino, qui ne comprend pas comment des hommes acceptaient d’être ainsi soumis à des maîtres, Ariane se lance dans un vaste exposé, en évoquant des images mentales très précises. Elle commence par les esclaves qui construisirent, sous l’antiquité égyptienne, les pyramides. Ces « machines vivantes » étaient utilisées par les sociétés ancestrales il y a plus de 10 000 ans. C’était assez pratique : on réduisait alors en esclavage les pauvres, les prisonniers de guerre, les femmes et les enfants des vaincus, on ne les payait pas et on les obligeait à faire les grands travaux pénibles. Ainsi s’édifia la grande muraille de Chine, ainsi vécurent les gladiateurs, ainsi étaient même organisés de grands marchés aux esclaves ! Certains démunis devenaient même esclaves volontairement, afin d’être « protégés » et nourris par un maître. Certains étaient d’ailleurs fort bien traités, tel Tiron, secrétaire de Cicéron, qui devint son meilleur ami…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On fustige souvent notre époque moderne, incapable de se réformer et d’évoluer vers plus d’humanité. On en oublierait presque que les mentalités sont lentes à évoluer, mais qu’on se dirige tout de même sans cesse vers le mieux. Par exemple, l’esclavage n’est aujourd’hui plus admis par aucune nation de la planète – même s’il reste des poches d’exploitation qui s’en rapprochent, tel le travail des enfants dans certains pays d’Asie, ou les conditions de travailleurs du bâtiment dans les pétromonarchies. Comme d’habitude, sous prétexte de l’érudite Ariane qui a besoin d’instruire son petit frère Nino, le scénariste (et authentique prof d’Histoire) Fabrice Erre se lance dans un long exposé chronologique et didactique, convoquant des images mentales dessinées par Sylvain Savoia. Dans ces petits fascicules de la collection Au fil de l’Histoire, on ne soulignera jamais assez l’excellence du style semi-réaliste de Savoia. C’est à la fois précis, « animé », documenté, accessible et présenté sous un jour toujours très convenable, même si concernant l’esclavage, la représentation de l’horreur était largement possible. Les enfants (et leurs parents) réviseront donc ici le commerce triangulaire, l’histoire tumultueuse de l’abolition, le sens mémoriel des commémorations d’aujourd’hui. L’ouvrage se termine comme d’habitude par un dossier spécial revenant sur 4 figures emblématiques de la lutte contre l’esclavagisme (Toussaint Louverture, Cyrille Bissette, Abraham Lincoln, Harriet Tubman), la vie des esclaves dans les plantations américaines, les révoltes restées célèbres d’esclaves, et l’indispensable frise chronologique.