L'histoire :
Adolescent dans le Paris du XVIIIe siècle, Jean reçoit une éducation austère et stricte. Chaque soir, sa mère lui fait la lecture d’un passage de l’Enfer de Dante. La journée, son précepteur, M. de Branci, prend le relais : enseignement, confessions… Son échappatoire est un carnet de croquis secret, sur lequel il dessine dans de rares moments de solitudes les seuls animaux qu’il lui soit donné de connaître : des pigeons. Son père demeure pour lui un inconnu qu’il ne croise quasiment jamais… jusqu’au jour où son carnet est découvert. Il doit alors faire face à un véritable conseil de famille, lors duquel, ô miracle, son père lui fait un clin d’œil ! Le soir même, animé par la passion, ce dernier l’emmène à travers de sombres ruelles, dans son repaire secret : un sous-sol dans lequel il s’adonne à la taxidermie ! Dès ce jour, la vie de Jean change du tout au tout. Il devient l’unique collaborateur de son père, à la recherche de la formule de conservation la plus pérenne. C’est ainsi qu’il rencontre un jour le principal mécène de cette activité : le Marquis de Dunan. Jovial, fanfaron et incurable séducteur, ce dernier brille par ses récits des fastes à la cour du roi et les expéditions qu’il projette de monter en Afrique. Lorsque le père de Jean meurt, le jeune homme parvient à vendre au marquis ses talents de dessinateurs, pour faire partie du voyage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier épisode (sur deux prévus) nous fait savourer les prémices d’une brillante adaptation du roman de Frédéric Richaud par le dessinateur Didier Tronchet. L’aventure est narrée par le héros, Jean, qui nous fait partager son périple initiatique et cocasse jusqu’au cœur de la jungle africaine. Deux parties, en deux unités de lieux : la première moitié de l’album nous entraîne dans les bas-fonds parisiens à la recherche du parfait empaillage. Parvenir à passionner en BD avec un sujet tel que la taxidermie, c’est du jamais-vu ! La seconde partie fleure bon les embruns et le souffle de la grande aventure. Au XVIIIe siècle, les explorations battent leur plein et l’expédition de Jean et de son coquin de Marquis se laisse littéralement dévorer. Le ton est résolument enjoué, les dialogues et les voix-off sont exquis, l’aventure dans laquelle est entraîné Jean est trépidante et la galerie des personnages est pittoresque. A leur tête, le truculent Marquis de Dunan fiché d’un permanent sourire d’apparat, se révèle l’antinomie d’un Jean introverti et sage. Ce jeune homme brimé fait d’ailleurs énormément penser à Jean-Claude Tergal, le héros emblématique de Tronchet (l’obsession sexuelle en moins). Mais il y a aussi le père, condamné d’emblée par sa passion démentielle ; le gouverneur du Sénégal, borgne omnipotent au parlé cru ; ou cette jeune et douce sénégalaise dont Jean tombe immédiatement amoureux. Étonnamment, le style graphique de Tronchet, disons plutôt épais et exercé d’ordinaire dans un registre humoristique, s’adapte à merveille à l’aventure. Un vrai plaisir de lecture !
