L'histoire :
A Badalone, juste au Nord de Barcelone, en ce début des années 90, Isaac est encore un jeune garçon. Il vit avec sa famille dans un établissement en bord de mer, qui propose tous les jours de la saison d'été une grande terrasse pour déjeuner, une piscine pour se baigner, car l'eau de mer est trop polluée pour que les touristes en profitent. Tenu d'une main de fer par son père, le Baños Pleamar permet à toute la famille de vivre, même si Isaac, sa mère et ses deux sœurs, mettent tous la main à la pâte, au service, en cuisine pour cuire la paëlla maison, à la vente de glaces à emporter. Devant les yeux du jeune garçon défile une galerie de personnages qu'il observe fasciné : son père en premier lieu, qu'il admire et idéalise, Pulpo qui vient vendre des moules lorsque la cuisine en manque, Raquel la serveuse, et parfois les engueulades devant des clients étonnés, ou Basilio qui parcourt la plage avec sa vente à emporter. Les conversations vont bon train, les amours contrariées des jeunes filles, les rêves oubliés de la mère de famille, et la passion d'Isaac pour la bande-dessinée. Il construit des pages encore très naïves mais prometteuses, et les montre au petit ami de Raquel qui l'encourage. Aucun n'imagine encore que, bientôt, les Baños n'auront plus le vent en poupe.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Isaac Sánchez plonge dans des souvenirs d'enfance pour raconter ses années d'enfant dans cet établissement populaire et fascinant, où toute une famille vit au rythme de la paëlla qu'on sert le midi à des touristes d'un jour, nombreux à venir profiter du soleil et de la baignade. Chaque chapitre raconte une anecdote ou un moment vécu. Parfois, ce sont les rêves du garçon qui sont mis en scène, avec des photos d'époque où on voit le garçon devant la porte d'entrée aux côtés de son père, ou chacun des membres de la petite famille. Des photos toutes simples, pas très réussies mais authentiques, qui nous disent très vite que ce récit porte une forme de mélancolie. On ne saisira pas forcément tous les codes de la vie espagnole de l'époque, quelques moments nous rappellent l'héritage du régime franquiste. On n'est pas encore dans l'Espagne bouillonnante de la movida, mais elle approche. Les souvenirs d'Issac sont si personnels qu'on se sent parfois en décalage, comme un observateur un peu trop curieux. Mais l'auteur nous rattrape avec des moments oniriques universels, des conversations touchantes qui révèlent les failles des personnages, et surtout une histoire qui prend une tournure plus forte en fin d'album. On appréciera d'autant plus la lecture de ce récit si on a fréquenté les fameux baños. Mais il serait dommage, si ce n'est pas le cas, de manquer cette lecture drôle et touchante, par un auteur youtubeur et comédien qui signe son premier travail en BD.