L'histoire :
Chaque année, à Noël, le père de Marzi ramène une carpe qui attend dans la baignoire d’être dévorée par la famille. Marzi se pose des questions sur la vie des carpes et des animaux en général. Chaque année, dans les 80 logements de son immeuble, les carpes sont le plat de choix… Les après-midis, elle joue avec les voisins de palier. Elle fait la folle, joue au jeu de l’ascenseur avec ses voisins Ania, Andrezj, Monika et l’autre Ania. La petite Magda ne peut pas les accompagner. Ils s’amusent à appeler l’ascenseur juste au moment où les voisins arrivent en bas, bloquant le moyen de locomotion pendant de longues minutes, grimaçant aux adultes furieux. Ils font aussi la chasse aux sonnettes, se sauvant en courant dans les escaliers après avoir sonné aux portes. L’entraide est de mise aussi chez les parents, puisque la maman d’Ania et Andrezj, infirmière, ramènent des aiguilles de l’hôpital et percent les oreilles de toutes les filles du palier. Ainsi Marzi peut porter les boucles d’oreilles que le papa de Monika a ramenées de Russie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis 2004, le Journal de Spirou raconte les aventures de la petite Marzi et PlaneteBD a eu l’occasion de dire à plusieurs reprises tout le bien qu’on en pensait. Cette édition est une nouvelle intégrale. La première était réalisée en bichromie. Ici, c’est un retour à la quadrichromie originelle, dans une version grand format, avec les 6 cases par planche en gaufrier qui a été la marque de la série pendant tous les premiers albums. L’intégrale se présentera en deux opus, et le premier qui va de 1984 à 1989, regroupe les quatre premiers albums. Cette vision de la Pologne communiste par les grands yeux bleus d’une petite polonaise est un coup de maître de Marzena Sowa et Sylvain Savoia. La légèreté et l’innocence du propos tranchent avec la dureté du thème, la difficulté de vivre sous un régime quasi dictatorial, en mutation pourtant avec l’avènement du syndicat Solidarnosc de Lech Walesa dans les dernières années de la décennie. Mais Marzi rit, s’amuse, s’émerveille, se pose des questions sur le monde qui l’entoure. C’est une enfant normale dans un monde qui nous est inconnu. Nous « était » inconnu, puisque ce témoignage familiarise le lecteur avec le quotidien polonais des années 80. Sowa a montré, depuis, qu’elle pouvait changer de ton (L’insurrection) ou de sujet (Histoire de poireaux…). Mais cette héroïne, son double autobiographique, avec toute la distance qu’un auteur prend avec l’autobiographie, marque fortement le lecteur et le regarde qu’il porte sur cette autrice. A relire donc, et relire encore, en profitant des belles illustrations en une page de Savoia, au début et à la fin de l’album, ainsi que les dédicaces de quelques collègues, parmi lesquels Gibrat ou Pedrosa.