L'histoire :
A la mort du comte de Saunhac, ses enfants Guillaume et Hélis sont inconsolables. Persuadée que leur père n’est pas vraiment mort, Hélis disparaît au moment du déménagement familial, pour tenter de le retrouver dans « des contrées lointaines ». Inquiète, sa mère la fait rechercher par les hommes de son futur époux, ancien bailli de la région, messire Brifaut. Infestée de pilleurs et de brigands de la pire espèce, la campagne avoisinante est en effet devenue extrêmement dangereuse. Guillaume, décide alors de fuir également l’arrogance de son futur beau-père, pour chercher conseils chez sa tante Ysane. Avant de partir, il emporte une pleine besace d’ingrédients médicinaux, piochés au hasard dans le laboratoire paternel. En chemin, et alors qu’il erre dans un village dévasté, il fait la connaissance d’un homme en côtes de maille qui se présente comme le chevalier de Brabançon. Dubitatif, Guillaume accepte néanmoins l’escorte de ce dernier, jusque chez sa tante. Brabançon tombe immédiatement sous le charme de la jeune femme à la silhouette angélique. Il consent alors à aider Guillaume à retrouver son père, jusque dans ces mystérieuses contrées lointaines. La petite troupe se met en route dès le lendemain, accompagnée de Courtepointe, un troubadour joli cœur, et d’une chèvre capricieuse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il fallait s’y attendre : avec un tel duo d’auteurs, cette nouvelle série de la collection Repérage met la barre bien haut en ce début 2006 ! Au scénario, Gwen de Bonneval a élaboré une quête initiatique en des temps médiévaux subtilement saupoudrés de paranormal. En effet, si cette première aventure se déroule dans un moyen âge réaliste, les croyances de l’époque brouillent les pistes et on ne parvient pas encore vraiment à distinguer ce qui relève du réel ou du fantastique. Dans la région, les brouillards et les brigands sont monnaie courante, ce qui, ajouté à la colorisation sobre (et orangée) de Walter, procure beaucoup d’étrangeté à l’atmosphère… Mais le plus jouissif dans ce premier tome, est sans conteste le dessin de Matthieu Bonhomme. Aux encrages fins et aux cadrages experts qu’on lui connaît déjà (il faut absolument lire le Marquis d’Anaon), Bonhomme ajoute cette fois des zones crayonnés qui lui permettent de jouer avec une grande maîtrise sur les ombres, les reliefs, la brume… Cette technique insolite renforce le caractère artistique de ses planches tout en accordant beaucoup de profondeur aux cases. Ajoutez à cela des personnages attachants (Brabançon en tête, sous les traits du Jean Reno du film les visiteurs), des dialogues ciselés, un rythme impeccable, un scénario palpitant, un sujet enthousiasmant… Bref, il n’y a pas grand-chose à reprocher à cet épisode pilote, rudement prometteur pour la suite de la série ! Seule la toute dernière case, franchement énigmatique, nous abandonne sur une réserve narrative un peu sévère…