L'histoire :
Journaliste et copropriétaire du magazine Millenium, Mikael Blomkvist déteste ce surnom qu’il a glané en offrant plusieurs articles d’investigations qui ont fait grand bruit. Celui de « Super Blomkvist ». D’autant qu’en ce matin suédois frileux, devant le parterre de confrères qui lui tendent leur micro à la sortie du tribunal, il ne sent pas « Super » pour deux sous. Il vient en effet d’écoper d’une amende de 300 000 couronnes et de 3 mois de prison pour diffamation aggravée. Et ce, en raison d’un article accusant Hans-Erik Winnerström de détournement de biens sociaux. Le pire pour lui dans tout ça est de voir Winnerström partir du tribunal totalement innocenté. Rapidement, pour que son journal ne soit pas une des victimes collatérales de la condamnation, Blomkvist décide de démissionner. Il en fait l’annonce le soir même à son associée et maîtresse, Erika Berger, lors de fougueux ébats. Un sympathique divertissement bientôt interrompu par l’appel de l’avocat d’Henrik Vanger, un homme d’affaires puissant. Via l’agence Milton Security et en particulier de l’une de ses employées Lisbeth Salander, l’avocat sait que Blomkvist est l’homme de la situation. Aussi l’invite t-il à rencontrer Vanger dans sa propriété d’Hedeby, pour qu’il lui expose la mission qu’il souhaite lui confier. Et de fait, dés le lendemain, Blomkvist est mis au parfum : Vanger souhaite qu’il enquête sur la disparition de sa nièce, Harriet, dont il est sans nouvelle depuis plus de 40 ans. Fugue, assassinat ? La police n’a jamais eu la moindre piste. Pourtant, depuis plus de 40 ans, pour son anniversaire, le vieil homme reçoit une fleur séchée encadrée. Exactement comme celle que lui offrait sa nièce avant sa disparition…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Succès éditorial colossal également porté sur grand et petit écran, la fabuleuse trilogie du suédois Stieg Larsson s’offre aux talents conjugués de Sylvain Runberg et José Homs pour une excellente adaptation en bande-dessinée. Confié à un suspens policier à tiroirs et sellé par la force d’attraction de ses protagonistes principaux, chaque opus de la trilogie originelle sera traité en 2 tomes. Pour cette première immersion en terre suédoise, on se laissera immédiatement prendre par la mécanique du récit. Pour fil rouge, l’intrigue se gorge en effet d’une enquête sur la disparation, 44 années plus tôt, d’Harriet Vanger, héritière d’une famille au passé nauséeux. Enquête qui sera menée dans le huis-clos d’une île par un journaliste à succès en disgrâce, Mikael Blomkvist – co-propriétaire du magazine Millenium. Le patriarche de la famille Vanger lui promet ainsi de le réhabiliter grâce à quelques juteuses informations, si toutefois il résout l’énigme de cette disparition. On suivra également avec attention, dans le même mouvement, le tumulte de l’existence de Lisbeth Salander dont les connexions avec Blomkvist sont pour l’heure à peine filigranées, mais dont le personnage ne manque pas immédiatement d’interpeler… Rien à redire sur le plan de l’adaptation. Les coupes nécessaires pour une lecture dans ce nouveau format sont en effet judicieusement choisies pour garder la substantifique moelle du récit. Surtout, le rythme en tension, alimenté par un impeccable découpage, des rebondissements pointus et d’énigmatiques visions d’horreurs, agrippe avec force dés la lecture entamée. Et ce quand bien même – c’est bien d’ailleurs là tout le brio de l’adaptation proposée – on connait déjà, pour les avoir lus ou vus, les tenants et les aboutissants du récit. Cette mise en bouche est donc plus que satisfaisante, parfaitement rythmée, dense et tisonnant furieusement la future association de Blomkvist et Salander. José Homs se saisit quant à lui brillamment de cette adaptation, grâce à un dessin élégant et on ne peut mieux cadré. On aime aussi sa mise en couleurs, qui assume parfaitement la charge émotionnelle du récit. Enfin il garde aussi l’intelligence de ne pas s’éloigner radicalement des images cinématographiques imprimées malgré nous dans un coin de notre cerveau, tout en offrant sa propre personnalité.