interview Bande dessinée

José Homs

©Dupuis édition 2011

Le talent se façonne parfois d'étonnantes manières. A force de travail, on peut faire d'un diamant brut la plus belle des pierres précieuses. Jose Homs est un dessinateur qui est parti aux USA afin de se lancer dans les comics. Après divers essais peu concluants (Red SonJa) il s’est finalement remis sur le marché européen. Grand bien lui en a pris puisqu’il est revenu pétri d'un talent qui illumine chacune des pages de L'angélus, un diptyque de Frank Giroud dans la collection Secrets. Lors de son passage en France, nous avons profité de sa venue pour revenir avec lui sur ses choix de carrière, en espagnol, avec son éditeur Louis-Antoine Dujardin qui assurait la traduction.

Réalisée en lien avec l'album L'Angélus T2
Lieu de l'interview : festival d'Angoulême

interview menée
par
23 novembre 2011

Bonjour José Homs, peux-tu te présenter aux lecteurs ?
José Homs : Je m'appelle José Homs, je suis le dessinateur de L'angélus dans la collection Secrets chez Dupuis. Je fais de la bande dessinée parce que j'ai toujours voulu en faire, c'est ma grande passion depuis que je suis tout petit. Auparavant, j'ai travaillé pour d'autres pays, comme les USA, mais ma grande passion a toujours été la BD franco-belge. L'importance du territoire et du marché franco-belge est qu'il donne plus d'importance à l'album, tant au niveau des dessins que du scénario. Les lecteurs y sont plus exigeants.

Tu parlais de tes travaux aux USA, qu'en penses-tu aujourd'hui ?
José Homs : La très bonne leçon de mon expérience américaine est que j'ai appris à dessiner. Même si c'était dans un style très réaliste où il faut faire des personnages très beaux, très sexy. C'est un style particulier et il faut dessiner très vite. J'ai travaillé pendant deux ans sur Red SonJa et même si ce n'était pas mon style de prédilection, j'ai énormément appris. Après, le rythme de publication aux USA rend impossible de faire un beau dessin, d'avoir suffisamment d'attention pour le résultat final, contrairement au marché européen. Cela rappele une chaine de montage où chacun a une tâche bien attribuée.

Comment es-tu arrivé sur le projet de L'angélus ? Comment as-tu rencontré Frank Giroud ?
José Homs : En fait, j'étais arrivé à un moment où je terminais mon contrat avec Dynamite et où je suis devenu père. Le rythme de publication ne me plaisait pas et le résultat final non plus. Je n'ai jamais été un grand passionné de super héros, donc il fallait que ma vie prenne un nouveau tournant. Je suis allé au festival d'Angoulême où j'ai rencontré un éditeur, Louis-Antoine Dujardin, que j'ai ensuite retrouvé à Barcelone où il m'a donné le scénario de L'angélus. Il fallait donner énormément d'importance à l'expression des personnages, des émotions, aux sentiments. Frank Giroud est un auteur exceptionnel et c'était un défi génial à relever.

As-tu eu des retours de Frank Giroud sur ton travail ?
José Homs : En fait, les choses se sont déroulées très simplement et très rapidement. Le retour de Frank a été immédiatement positif. Frank a des idées très claires et très précises sur ce qu'il veut faire, et il laisse également beaucoup de liberté de création. Il est conscient que l'on peut améliorer le travail au fur et à mesure par le biais d'échanges. Cela donne un mouvement très dynamique et je crois qu'il est très content de mon travail sur L'angélus.

Quelles sont tes références ?
José Homs : Je vais surtout parler de mes influences de jeunesse car aujourd'hui j'admire encore plus de monde. L'influence fondamentale vient pour moi de La quête de l'oiseau du temps de Régis Loisel, qui m'a ouvert tout un monde. Je lisais bien sûr de la BD comme Tintin, Astérix, Spirou, avec une narration très linéaire et très bonne. Avec Loisel, j'ai découvert une narration plus adulte où l'on pouvait jouer avec les changements de décor, de cadres dans les pages, de cases, tout un vocabulaire qui permettait d'enrichir le langage de la bande dessinée.

Si tu avais la possibilité de visiter le crâne d'un auteur pour en comprendre sa démarche ou son œuvre, qui choisirais-tu ?
José Homs : Ce serait probablement Jean Giraud.

Jean Giraud ou Moebius ?
José Homs : Les deux vivent dans la même tête ! Je reste continuellement émerveillé par chaque dessin qu'il fait. C'est un artiste complet. Quelque soit le dessin que te fait Moebius, tu le sais de suite. Il peut dessiner n'importe quoi, n'importe comment, j'en suis toujours émerveillé.