L'histoire :
Jadis, à la confluence des eaux du Skagerrak et du Kattégat, une chasse à l’otarie intéresse deux peuples qui s’ignorent. A la surface, des vikings norrois jettent leurs filets ; sous l’eau, des sirènes lancent leurs harpons. Soudain, une sirène se retrouve prise dans les filets des norrois et se retrouve l’objet d’une vive tension. Les choses s’enveniment. Les harpons virevoltent et aboutissent à la mort d’une sirène, fille cadette de la famille royale. Ses sœurs la vengent aussitôt, entrainant un jeune prince viking au fond des eaux profondes. Le conseil royal des sirènes se réunit et décide d’utiliser une arme absolue : une conque capable d’instrumentaliser un dragon marin, le Jörmungang. Ainsi, quelques semaines plus tard, la princesse Arnhild dirige une attaque contre un convoi norrois. Etant donné son gigantisme et sa puissance, le Jörmungang fait des dégâts considérables parmi les vikings. Elles ne laissent en vie qu’un survivant, afin qu’il fasse un compte rendu et rapporte sa terreur aux siens. Au village, le jarl Frowin prend la décision de mener une contrattaque décisive. Il confie cette mission à son propre fils Ingvald et à sa compagne, Borglinde, une demi-troll qui a toute sa confiance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
M’enfin, c’est bien connu : après les chiens et les chats, après les nains et les elfes, après les fans de l’OM et ceux du PSG, le 4ème antagonisme le plus célèbre est celui des sirènes et des vikings. En effet, depuis que, en des temps mythologiques immémoriaux, un jeune pêcheur viking a transpercé de son harpon une princesse sirène, une haine séculaire réciproque s’est emparée de ces deux peuples. Et ce n’est pas ce premier « conte » soufflé par Isabelle Bauthian, développé en scénario par Françoise Ruscak, et dirigé au sein d’une nouvelle collection par Gihef, qui nous contredira. L’histoire est somme toute très sage et conventionnelle, dans le registre des tragédies shakespeariens, option conte fantastique. Un grand amour contre-nature peut-il surpasser l’instinct belliqueux héréditaire ? Philosophiquement, ça se discute… Dans la fiction beaucoup moins. La principale plus-value de cet album pilote, vient sans doute du dessin de Phil Briones, vétéran dans le registre de la fantasy et de la SF. Ses créatures à écailles sont idéalement lustrées et gabarisées, le dynamisme de sa mise en scène apporte beaucoup au plaisir de lecture, pour qui apprécie de nager dans les eaux glacées de la fantasy nordique. A déguster entre une entrée de sardines à l’huile et un pavé de saumon aux fines herbes (avec un verre de Riesling).