L'histoire :
Ce jour-là, Lydveig et sa fille Tova sont installées sur les berges de leur petit village viking pour y vendre leurs poissons, lorsqu’un drakkar accoste. Les guerriers qui en descendent balancent sur les étals la tête coupée d’Aasbjorn, le père de Lydveig. Ils précisent que la jeune femme est instamment convoquée par son roi Hardeknud. Elle est embarquée de force avec sa fille, alors que son mari qui essayait d’empêcher ce rapt, est gravement blessé. Durant le court voyage, l’un des vikings explique à la jeune femme qu’ils ne sont pas les meurtriers d’Assbjorn. C’est une sirène qui l’a décapité. Aasbjorn enquêtait alors sur le massacre récent du prince Swenborg et il s’est sans doute approché trop près de la vérité. Le cruel Hardeknud menace de couper la tête de Tova si Lydveig n’accepte pas de poursuivre l’enquête de son père. Elle a 6 jours pour découvrir la vérité. Tova attendra son sort sans des geôles putrides. Lydveig s’empresse donc d’aller examiner le cadavre du prince Swenborg avant que le protocole funéraire soit enclenché. Mais un colosse appelé Gunnar tente de l’en empêcher. Le prince Jorund, frère du défunt, intervient… mais Lydweig n’a que quelques minutes avant que Gunnar ne tire une flèche enflammée sur le bucher flottant. Lydveig a juste le temps de quelques constatations, avant de plonger pour éviter de brûler avec la dépouille de Swenborg.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette quatrième aventure en terres vikings – et en mers sirènes – est sans aucun doute la meilleure parmi tous les one-shot indépendants qui constituent la collection humano-piscicole dirigée par Gihef. Au scénario, Nicolas Mitric nous ravit en effet d’un pur polar historique, avec relevé d’indices, faux-semblants, recherche de mobiles, interrogatoires, pistes à remonter… C’est amené dans les règles de l’art et c’est emmené par une femme intelligente, élégante et courageuse, pour ne rien gâcher. La rudesse des mœurs vikings est également respectée, et le ton est donné d’emblée par une tête coupée en guise de convocation. Lydveig n’a pas vraiment le choix que d’enquêter, et vite, avec son mari entre la vie et la mort, et sa fille entre les mains d’un geôlier pédophile (ambiance !). On a beau dire, même si cette civilisation avait des bases très structurées, on a fait quelques progrès sociaux, depuis lors. L’enquête de Lydveig se révèle donc passionnante et immersive. En outre, le rythme narratif et le découpage sont exemplaires, tout comme le dessin des italiens Francesco Trifogli et Maria Francesca Perifano (qui fait quoi ?), d’une précision diabolique, à tous points de vue. Les personnages sont expressifs, impeccablement proportionnés, les décors riches et harmonieux, avec les profondeurs congrues au souffle épique. Juste une remarque pourrait concerner la colorisation qui aurait mérité moins de nuances pour plus d’ambiance… Mais ce serait pinailler que de ne pas reconnaître une aventure modèle.