L'histoire :
Le groupuscule d’extrême gauche Nada va bientôt se réunir. Buenaventura Diaz est l’élément central de la faction. Ce jeune catalan anarchiste a des rêves plein la tête et surtout l’envie de frapper un grand coup. Il décide de rencontrer André Epaulard, un ancien du PCF qui a fait ses armes avec le FLN algérien, afin de le recruter. Le jeune espagnol souhaite prendre en otage l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique à Paris, Richard Poindexter. Malgré l’amateurisme criard des membres du groupe, Epaulard accepte la demande de Diaz. Nada est réuni dans son quartier général pour mettre au point le plan de l’enlèvement. Après avoir suivi l’ambassadeur dans le moindre de ses déplacements, le groupe découvre que ce dernier a un petit penchant pour les jarretières françaises. Prenant rendez-vous plusieurs fois par mois au Club Zéro, un bordel parisien pour la haute société, l’émissaire se retrouve seul et vulnérable. Le jour venu, l’équipe se met en action. Alors que le véhicule de fuite est volé discrètement dans une rue de la ville lumière, Epaulard use de ses connaissances parisiennes pour entrer sans souci dans le pince-fesse. L’ambassadeur est sous bonne garde. Une équipe de deux agents fait le guet dans une berline noir garée dans la rue et une sentinelle patiente au bar. En s’asseyant sur le tabouret haut du bar, Epaulard fait dépasser son arme de sa veste. L’agent américain au bar s’en aperçoit et sort son arme. Epaulard est le plus prompt à faire feu. Il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour que le plan dérape.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au scénario de cette plongée dans le Paris révolutionnaire du début des années 70, Doug Headline réussit à adapter en BD un néo-polar de son père, Jean-Patrick Manchette. Il faut dire que le fiston n’en est pas à son coup d’essai. Après La princesse de sang en 2011 et Fatale en 2014, Nada est la troisième adaptation des œuvres de son père. Manchette est un écrivain connu pour ses prises de positions d’extrême gauche. Dans Nada, Manchette démontre très clairement la folie du terrorisme gauchiste en le confrontant au tout aussi absurde terrorisme étatique. La mise en image de la violence des activistes, qui n’hésitent pas à abattre avec une fronde et une bille en métal un policier au sol, se confronte à celle de la violence de la traque et la haine des forces de l’ordre envers les partisans d’extrême gauche. Les deux formes de violence s’entrechoquent devant un lecteur qui peine à imaginer la répression populaire et les mentalités d’après 68. Malgré un thème fort, le récit est plutôt lent et peine à se mettre en place. Etant donné le roman qui se focalise sur la psychologie des personnages et l’amateurisme du groupe, la psychologie de chacun est primordiale pour comprendre les enjeux du récit. Dans un style réaliste, Max Cabanes couche sur papier des personnages écorchés vifs, à coup de petits traits, créant ainsi le contour, le remplissage et les ombrages avec cette technique. La couverture donne un bref aperçu du talent de Max Cabanes pour rendre les visages expressifs et réalistes. Ce bel album de presque 200 pages vous immergera dans la folie de l’activisme et de la répression du début des années 70 en France.