L'histoire :
Un ouvreur de cinéma réveille une vieille dame, Sarane, endormie dans la salle. Il est désormais trop tard pour qu’elle prenne le bus, celle-ci appelle donc un taxi. Sarane n’est plus toute jeune, elle n’a plus toute sa tête, mais il lui reste de sacrés souvenirs. Sur la route, elle traverse des décors quelque peu fantaisistes et ne sait pas trop s’il s’agit bien de la réalité. Dans un embouteillage, elle remarque un vieil homme assis sur un banc, qui attend le temps qui passe. Elle est persuadée qu’elle le connaît. Interrogée par la jeune propriétaire du taxi qui remarque son trouble, elle se met à lui raconter sa jeunesse. En 1926, elle est alors mariée à un militaire brillant, Raphaël, en poste à Saint Louis du Sénégal. Suite à une « promotion », son mari emmène sa jeune et farouche épouse dans sa nouvelle affectation : un fort isolé dans le Sahara. Sarane n’y tient pas 10 jours. Lors de la visite d’un automobiliste, elle lui vole son véhicule et part droit devant, suicidaire, durant des heures, jusqu’à l’accident. Elle est alors recueillie par une tribu de touaregs qui la soigne et finissent par l’intégrer, malgré son comportement initialement rebelle. Elle est quasiment devenue une targuie lorsque Khegh, un guerrier ténébreux et autoritaire, débarque au village…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce petit album souple signé (Christian) Lax n’est pas vraiment une nouveauté : il s’agit de la réédition d’un album grand format publié en Aire libre en 1994 (pour la première fois en solo). C’est toutefois l’occasion pour l’éditeur Dupuis d’inaugurer une nouvelle collection, « Roman Aire libre », visant visiblement à faire la part belle aux romans graphiques en one-shot. Le récit se complète en postface d’une riche interview illustrée de l’auteur, qui revient sur les intentions et les anecdotes de la réalisation de l’album (dingue, cette maquette du village touareg !). L’histoire en elle-même relate les souvenirs d’une vieille dame qui, au crépuscule de sa vie, est hanté par les choix de sa jeunesse fougueuse, ainsi que par l’exotisme d’un pays à part, le Sahara, et les mœurs revêches des touaregs. On retrouve donc les thématiques récurrentes de l’œuvre de Lax : l’aventure pure et dure, le Sahara, le féminisme, l’humanisme, l’aviation… ainsi que son coup de crayon réaliste exceptionnel ! Visuellement, Lax fait bien entendu la part belle au désert, aux touaregs, aux paysages majestueux, mais aussi au corps de la femme (c’est très légèrement érotique, sans l’intention de l’être). Malgré une introduction curieusement onirique (Lax s’en explique d’ailleurs), dès lors que le flashback commence, c’est une nouvelle fois envoûtant, dans la lignée d’Azrayen’ ou d’Amère patrie. Le final abandonnera plus d’un lecteur frustré…