L'histoire :
Au sommaire de ce volume 5 : Le réveil de Toar, Le grand combat, La matière verte et Tif rebondit.
-Le réveil de Toar : Tif et Tondu chinent tranquillement. Ils ont jeté leur dévolu sur une croute, un authentique anonyme du XVIIIème siècle ! L'affaire est rapidement conclue, mais l'antiquaire n'en finit plus de bavarder. Il prétend détenir dans sa collection personnelle des pièces aux origines des plus étranges. Certaines d'entre-elles pourraient même susciter des convoitises. Les deux amis sont quelques peu fatigués du monologue, jusqu'au moment où le récit du vieil homme attire particulièrement leur attention. En effet, il prétend avoir été volé d'une clé et pense que le malfaiteur avait réussi à se glisser dans sa salle de collection en ayant revêtu une armure ! Or il détient une certitude : ce jour là, il n'avait pas d'armure en magasin... Ce petit détail n'échappe pas au duo de détectives, qui pensent déjà à Monsieur Choc !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si les lecteurs des séries historiques de Dupuis aiment les Intégrales de cet éditeur, c'est qu'elles contiennent une des archives qui illustre aussi toute une partie rédactionnelle. Cette dernière nous fait accéder aux coulisses des œuvres et remet en perspective les circonstances de leurs créations. Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault donnent la parole aux auteurs, dont on trouve aussi des extraits d'interviews, et même à leurs enfants. Des auteurs, comme Blutch, nous rappellent aussi à quel point l'histoire de la série a été plus compliquée que le succès populaire qu'elle rencontra ne pouvait le faire supposer. En l’occurrence, les complications pesaient sur les épaules de Maurice Rosy, car Will était une « machine à dessiner », allant jusqu'à assurer quatre séries simultanément ! En effet, ce qui était compliqué pour le scénariste, c'est que Monsieur Dupuis avait une sorte d'aversion pour la SF. Le journal de Spirou était assez catégorisé, réservant des séries comiques ou d'aventures, à la limite mixant les deux. Même Franquin s'était heurté au véto du Boss quand il avait dans l'idée de continuer à Zorgluber le groom... Or il se trouve que Tif et Tondu avaient depuis longtemps quitté le registre de l'humour strict et que Will s'imprégnait de l'air du temps. Et la fin des années 60 est évidemment marqué de psychédélisme, d'un intérêt croissant pour la technologie et bien sûr, de questionnements sur des mondes extra-terrestres. Les éditions Dupuis semblaient quant à elles arc-boutées sur les valeurs des années 50. A cet étau s'ajoute aussi celui que le scénariste a créé à son corps défendant : le fameux grand méchant de la série : Choc ! Les lecteurs l'assimilent aux deux héros et réclament sans cesse son retour. Et c'est une impasse pour le scénariste, qui justement veut faire vivre à Tif et Tondu autre chose qu'une sempiternelle confrontation. Alors ces quatre derniers albums proposent des thèmes variés. Ce qu'on en retient, c'est l'atmosphère assez inquiétante que tous dégagent. Rosy était un scénariste qui privilégiait les ambiances au réalisme du récit. Le réveil de Thoar en est une bonne démonstration, car le lecteur est tenu en haleine jusqu'à l'apparition du géant en question, qui « tue » aussi le mystère qui planait jusque-là. Au delà de la présence de Choc dans Le grand combat, ce qu'on retient, c'est l'utilisation du surréalisme quand La matière verte s'appuie constamment sur le comique de situation provoqué par les étonnantes propriétés de cette substance. Enfin Tif rebondit met en perspective le mythe du surhomme et l'intérêt supérieur que l'armée lui voue... Alors certes, ces albums sont très différents, parfois un peu inégaux, mais ils restent de grands classiques du franco-belge, une cinquantaine d'années après la publication de leurs planches. S'ils marquent la fin de la collaboration de Will et Rosy, ils ont également marqué l'imaginaire de leurs lecteurs.