L'histoire :
Dans une belle cabane perchée dans un arbre du domaine de Loch Castle, il est l'heure pour Yoko de coucher les enfants qui vivent autour d'elle. Ce soir-là, Bonnie et Emilia découvrent deux moines qui semblent installer un projecteur dans les ruines de l'abbaye. Surpris, ils s'enfuient avant que les deux jeunes femmes puissent comprendre les raisons de leur présence. Le lendemain, après avoir croisé un des moines venu s'excuser en prononçant des paroles assez mystérieuses, Yoko s'entretient avec Cécilia dans le château : il faut éviter que des indiscrets découvrent ce qu'elles ont caché dans les ruines de l'abbaye. Yoko décide alors d'entreprendre un voyage dans le temps sur les lieux de l'édifice, pour tenter de percer de multiples secrets. Avec sa fidèle amie Monya et le petit dragon Balbok, elles embarquent dans le translateur pour un retour vers l'an 1283. Il va falloir mettre la main sur un soi-disant aigle démoniaque qui hanterait les lieux, et dont la légende avait perduré jusqu'aux moines voisins de Loch Castle.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a plus de cinquante ans, le collaborateur d'Hergé et surtout de Jacques Martin (sur Alix et Lefranc) décide de voler de ses propres ailes en lançant une série de science-fiction dont l'héroïne serait une femme. Roger Leloup publie les premières pages de Yoko Tsuno en 1972 et ne cesse, depuis, de compléter l'univers de la jeune femme d'amis de toute sorte, humains ou extraterrestres, voire robots à forme humaine. Cette nouvelle histoire tourne d'ailleurs beaucoup autour de la vie de la petite communauté avec ses habitudes, le petit-déjeuner, le coucher, le soin des animaux, comme si l'auteur prenait tout simplement le temps de raconter de petites séquences pour faire vivre davantage ses personnages. La touche d'aventures est présente avec le voyage dans le passé, mais elle est presque reléguée au second plan. La narration de l'album n'est d'ailleurs pas des plus percutantes, les effets de suspense de l'école classique sont remplacés ici par des changements de décor rapides sous forme d'une succession de scènes où la tension n'est jamais vraiment présente. Ce 31ème épisode est donc à réserver aux fans absolus, ceux qui ont envie de retrouver leurs personnages dans des décors soignés campés, la spécialité de l'auteur. Graphiquement, lesdits amateurs commencent à échanger sur le net leur déception de voir les personnages perdre de leur densité graphique. Certains visages sont dessinés trop rapidement, ce qui est bien en-dessous du talent habituel de Leloup. Mais l'héroïne en avance sur son temps a toujours autant de courage et d'autorité, malgré les 90 ans de son créateur.