L'histoire :
Azil est un ours en peluche, propriété d'une petite fille à la peau basanée habitant un pays en guerre. Un jour, sa famille doit fuir à bord d'un petit bateau de fortune et, hélas, Azil tombe à la mer. Echoué sur une plage au milieu des algues, Azil se croit perdu, à la merci des crabes et des mouettes. Mais un instituteur en promenade le ramasse et fait une proposition dès le lendemain aux enfants de sa classe. Azil sera confié tour à tour à chacun des enfants, le temps d'un week-end. Le premier à devoir héberger et prendre soin de l'ours sera Gaëtan Becpincé. Lui est tout fier, sa maman est déjà moins ravie : cet ours tout élimé doit être plein de puces. Dans un premier temps, il va falloir le laver. Tassé dans un sac plastic, Azil trouve que ça débute mal... Il apprécie encore moins la séance centrifuge et immergée dans la machine à laver. Puis il est pendouillé par les oreilles a une corde à linge pour la nuit – une situation tout aussi inconfortable ! Heureusement, n'écoutant que son courage, le petit Gaëtan vient le tirer de là en pleine nuit, car il redoute que les gitans, qui ont établi leur campement à proximité, ne viennent le dérober – c'est le grand frère de Louis qui dit que les gitans, ça vole tout. Il dit aussi qu'ils sont sales et qu'ils ont des grands couteaux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme l'indique la phonétique de son nom – Azil pour asile – cette petite BD carrée prend la forme d'une allégorie en faveur de la tolérance, de la fraternité et de l'acceptation de l'étranger, à destination du jeune public. Dans un premier temps, l'instituteur demande en effet à ses élèves de se relayer pour héberger et prendre soin d'un « réfugié politique » attachant – un ours en peluche – chez eux. Puis la morale diverge vers la lutte contre les préjugés négatifs envers les gitans, qui sont en réalité des gens adorables et accueillants. La leçon est tendre et belle pour les jeunes lecteurs... Il est moins certains que les adultes soient tout à fait séduits par le simplisme de la caricature. Mais le plus dérangeant dans cette bonne intention pétrie d'enfer, est sans doute l'image de la mère, qui rejette du début à la fin son ouverture d'esprit aux ours réfugiés et aux gitans sales. Les auteurs auraient-ils sciemment voulu qu'une lecture de ce conte conseille de ne surtout pas écouter ses parents ? Le dessin croquignolesque et stylisé de Tanja Wenisch ne parvient pas à faire oublier cette vision un brin bancale de ce conte moralisateur...