L'histoire :
Il pleut beaucoup à Paris en 1910. Au milieu des rues détrempées, Lina fonce sur sa bicyclette pour échapper à ses poursuivants, dans une voiture. Elle dévale des escaliers en pédalant et en maîtrisant sa réception, tandis que les deux lourdauds encastrent leur véhicule dans un platane. Elle rejoint sa grand-mère Moma qui l’attend à bord d’une charrette sur un pont. Elle charge son vélo à l’arrière et le cheval Sleipnir part au galop. Le lendemain, Lina est en cours de maths dans un collège d’aujourd’hui. La classe accueille un nouveau, Gus, dont tout le monde de moque du prénom. Gus s’installe à côté de Lina et il s’avère très bavard. Or Lina apprécie la solitude, qu’elle passe généralement en se cultivant. Agacée par ce nouveau camarade, elle en oublie son livre sur la banquette de l’arrêt de bus. Gus lui récupère et s’interroge sur ce curieux attrait de Lina pour la cru de 1910. Plus curieux encore : il découvre à l’intérieur une photo de Lina, Moma et… Georges Méliès ! Pendant ce temps, Lina longe le Louvres et pénètre dans un bâtiment ancien. Au terme d’un parcours complexe, de coursives et d’escaliers, elle rampe dans un long couloir situé dans une cheminée, descend une échelle et change ses vêtements modernes dans un vestiaire, pour des habits d’époque 1910. La voilà revenue en 1910 où elle offre un sachet de fraises Tagada à sa Moma qui l’attend avec sa charrette et Sleipnir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est l’histoire classique d’une fille de divorcés qui partage classiquement sa garde alternée entre son papa et sa maman. L’originalité proposée par le scénariste Julien Frey vient des époques différentes dans lesquelles évolue la collégienne Lina : avec sa maman, elle vit 4 jours à notre époque, puis avec son papa, elle vit 3 jours en 1910. Aucune explication majeure n’est proposée sur cette passerelle temporelle : il y a un passage qui a été trouvé et puis voilà. L’aventure jeunesse ne s’encombre pas de justifications secondaires et se concentre sur le quotidien d’une ado de 13 ans. Lina bavarde en cours, se fait coller, s’encombre d’un nouveau copain, Gus, qui s’avère certes bavard mais bienveillant et généreux. Et surtout, elle ne doit pas faire fuiter cette double vie, en respectant 3 règles logiques, reprises en 4ème de couverture. Cela dit, l’année 1910 à Paris reste célèbre pour sa crue démentielle. Lina tente donc d’avertir son papa libraire qu’il va y avoir une catastrophe. Or non seulement celui-ci ne veut rien entendre, mais en plus, ils se retrouvent avec des malfrats dans les pattes ! Lina parviendra-t-elle à conserver son secret, à éviter l’inondation de la librairie, à être plus forte que les malfrats et à rééquilibrer le partage de son temps entre son papa et sa maman ? Cette aventure auto-conclusive est mise en dessins via la griffe douce et colorée stylisée jeunesse de Mathilde Domecq, très agréable et inscrite dans un découpage plutôt serré, sur 76 planches ! Originale, impeccablement menée, d’une belle densité d’aventures, elle est aussi parfaitement adaptée au public-cible. Et bien qu’elle ne s’accompagne d’aucun numéro de tomaison, elle peut tout à fait se muer en tome 1 d’une série au long cours. Ce qu’on lui souhaite, étant donné le concept original, au fort potentiel.
