L'histoire :
Croquette (le poussin), Mike (le chien) et Georgie (le croco) sont trois trappeurs en chasse dans le grand nord canadien. Au milieu d’un paysage enneigé féerique, baigné par une lumière rasante, ils arrivent enfin à leur étape : un cabanon en bois où ils vont pouvoir passer la nuit et se restaurer. Certes, avant tout, il va leur falloir faire le ménage et la vaisselle car le lieu a été abandonné depuis des lustres et il est donc infesté de souris. La poussière déclenche une rhinite allergique chez Georgie. Dès lors, il n’arrêtera pas d’éternuer durant le périple. Une fois installés, ils trinquent à leur nouvelle demeure, qui leur servira de camp de base pour la chasse au caribou. Mike attend ce moment avec excitation, tandis que Croquette est plus réservé : il est très difficile d’approcher ces bestiaux, il faut qu’ils s’estiment content s’ils arrivent à en apercevoir un ! Ce que Mike ignore, c’est que Croquette est en réalité un piètre chasseur : il n’aime pas tuer les animaux. Dès l’aube du lendemain et la marche à pied qui commence, il va devoir rivaliser de ruses pour dissimuler cette aversion, paradoxale pour un trappeur…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les amiénoises éditions de la Gouttière se sont fait une spécialité des récits pour le jeune, voire le très jeune public. Aux muets Anuki et Myrmidon (pour les 3-6 ans), s’alternent les parlant Enola et Supers (pour les 6-9 ans). Publié dans un format à l’italienne, Trappeurs de rien se situe un peu entre les deux : les personnages parlent dans des bulles, mais avec des dialogues simples et peu nombreux, afin de composer une initiation idéale à la bande dessinée parlante pour les 5-7 ans. L’histoire en elle-même est donc très simple : trois sympathiques amis zoomorphiques (canari, chien et crocodile) s’avèrent de piètres trappeurs : ils refusent de tuer les caribous, cible de leur campagne de chasse. Pour orner ce pitch minimaliste, le scénariste Pog étaye donc son récit d’épisodes rigolos et légers : le pied de tabouret casse (paf, les fesses par terre), le réveil-matin est un (vrai) perroquet, l’éternuement intempestif pollue la traque qui réclame le silence… Le dessin de Thomas Priou fait la part belle aux vastes paysages du grand nord enneigé, avec une lumière glacée rasante parfaitement immersive (la colorisation de Johann Corgié est un gros atout !) et un chara-design attachant pour ce trio d’aventuriers du dimanche pétri de bons sentiments, aux allures bonhommes. Comme un évènement, ce premier tome réhabilite aussi une injure qui n’a pas dû être prononcée plus de 10 fois sur la planète Terre en 2016 : Cornegidouille ! Bref, tout cela est très (très) gentil, ne casse pas trois pattes à un caribou, et ravira donc assurément le public cible.