L'histoire :
Le 13 mai 1993, à 9h30 du matin, un inspecteur de police entre soudainement dans le bureau du directeur du mythique 36 Quai des Orfèvres. Un individu armé vient de prendre en otage les 21 enfants et leur institutrice dans une école maternelle de Neuilly sur Seine. Aussitôt, les hommes de la crim’, ainsi que ceux du RAID, sont dépêchés sur place avec leur matériel. Ils s’installent dans les bureaux les plus proches de la classe où sont retenus enfermés les enfants. Ils font le point de la situation et des revendications de l’individu. Il a en effet minutieusement préparé son coup : il a remis divers documents, signés HB, qui expliquent qu’il est en permanence relié à une bombe qui peut se déclencher en cas d’attaque. Il veut juste de l’argent, une somme astronomique de 100 millions de francs ! Les premiers éléments de l’enquête incitent les autorités à lui accorder du sérieux : c’est lui qui a fait sauter une bombe, 3 semaines plus tôt, dans un parking… et les hommes qui parviennent à le voir décrivent qu’il est bien relié à des fils et des interrupteurs. Les parents des enfants sont prévenus et rapatriés sur place : ils sont un élément décisif du dispositif. A 11h45, la décision est prise d’entrer en contact avec HB…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La prise d’otage de la maternelle de Neuilly, c’était il y a (déjà) 20 ans… Ce qui allait rester comme la plus célèbre prise d’otages de France plongeait le pays en émoi durant deux jours. Quand on s’en prend à des enfants, la tension est en effet décuplée. C’est par ce petit rappel que Claude Cancès, directeur de la PJ de l’époque, devenu co-scénariste pour l’occasion (épaulé par Alain Gillot et Pierre Dragon), introduit l’album. Par cette présentation, la série 36 Quai des Orfèvres précise aussi son intention : elle empilera des one-shots qui reviendront sur des grandes affaires criminelles, sans intention de broder. Les faits, rien que les faits, seront relatés, sur les évènements qui ont tenu l’opinion publique en haleine. Logiquement, la narration est la plupart du temps relayée par une voix off descriptive – procédé « facile », mais inhérent à la démarche. Complété par une colorisation fade, le dessin simple mais honnête de Léo Quiévreux se positionne à l’opposé de toute mise en scène spectaculaire. Malgré ses aspects disgracieux, il participe lui aussi, à dessein, de l’approche distante et quasi documentaire. La lecture de ce premier opus donne raison à ces partis-pris : cette manière de faire fonctionne pas mal. Même en se rappelant du dénouement, on est tenu en haleine par les détails de l’affaire. Comment les choses se sont organisées sur le terrain ; comment s’est établi un principe d’échanges « enfant contre sac de fric » ; comment la fatigue a tendu progressivement les acteurs ; et comment finalement le RAID a abattu l’homme sans autre effusion de sang. On est prêt à rempiler sur une prochaine affaire…