L'histoire :
Mrs Oliver a une mauvaise intuition au sujet de la kermesse qui doit se dérouler le lendemain, à Nasse Combe. Elle appelle donc son ami Hercule Poirot pour l'assister dans l'organisation de la journée de fête, au cas où les évènements tourneraient mal. Une des animations sera la course à l'assassin, dont elle a écrit le scénario. Alors que plusieurs habitants de la maison lui suggèrent des modifications, lui vient l'idée que, peut-être, on se joue d'elle. Et que son scénario pourrait servir de terreau à un véritable meurtre… La journée s'annonce longue, il est temps de faire le tour du propriétaire. D'abord la remise à bateau, où l'on trouvera le corps, joué par Marlène Tucker, une fille simplette du village. Un peu plus loin, au pied d'un petit temple fraîchement construit dans le jardin, ils font la connaissance de Michael Weyman, jeune architecte qui s'offusque qu'une si mauvaise place ait été choisie pour cette construction. Puis vient Mrs Folliat, ancienne propriétaire de la maison ; elle occupe maintenant le pavillon du concierge. Sir Georges Stubbs, anobli par l'achat d'un titre, est l'actuel riche propriétaire de la demeure. Hattie, sa somptueuse compagne, est aussi belle que superficielle. Le capitaine Warburton est l’administrateur de leurs biens. Miss Brewis est une intendante un peu rigide. Quelques autres en villégiature peuplent la maison à l'occasion de l'évènement. Si un conspirateur doit se manifester, il fait partie de cette assemblée. Le public ne sera admis dans la propriété que dans quelques heures…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Marek est désormais un habitué de la série Agatha Christie. Sur cet opus encore, il signe le scénario et le dessin, assisté de Christophe Bouchard pour la couleur, soutenue, posée à plat et surexposée. Hercule Poirot est réussi, tout à fait à l'image du personnage. L'intrigue, du Christie tout craché, n'est pas la plus savoureuse qu'on lui connaît et de fait, elle donne à l'ensemble un côté très formel. La chasse à l'assassin n'est que prétexte à une tortueuse histoire de famille, avec son lot de cadavres dans le placard, voire à la baille. Le final est soi-disant inattendu, mais finalement si classique, que la surprise ne prend pas par… surprise. Englué dans les codes du genre « à la Christie » et teinté de cette imagerie terriblement british, Poirot joue le jeu ravira le lecteur de salon qui le savourera dans sa bibliothèque, calé dans un fauteuil club, un cigare dans une main, un verre de scotch dans l'autre. Pour l’amateur éclairé, en revanche, au rythme de sénateur des dialogues, celui-là risque l'immersion de l'ouvrage par endormissement inopiné. Reste que le charme opère, avant tout pour l'atmosphère qui se dégage. Peut-être aussi que les regards, qui véhiculent l'essentiel de la partie muette de l'histoire, nous hypnotisent et qu'on finit par céder au rythme cataleptique de cet épisode qui pourrait évoquer certains Maigret de l'époque Bruno Cremer.