L'histoire :
Natacha et Henri sont en route pour Marseille. La jeune femme qui a échappé au trafiquant de drogue, qui souhaitait l'utiliser pour convoyer un stock d'héroïne, a trouvé en la personne de l'ouvrier des chantiers navals de St Nazaire un compagnon de route désintéressé. Sur le point de se faire virer de son travail après avoir servi de bouc émissaire sur un accident de chantier, Henri n'a aucune raison de ne pas aider Natacha. Pendant qu'ils descendent vers le sud, un convoi pénitentiaire est attaqué à Pau, qui transportait un membre de l'ETA vers une audience au tribunal. Joaquim Etchebarria est à nouveau libre. Dans le véhicule, il apprend que des mafieux ont proposé à l'organisation de leur rendre une certaine Christine, contre une somme d'argent. Débute alors une course de vitesse entre les organisations qui souhaitent remettre la main sur la jeune femme, qui n'est autre que Natacha, pour des raisons toutes différentes. En témoin impuissant des évènements, Henri va progressivement réaliser ce qui compte réellement pour lui dans cette histoire. Cet homme simple, discret et sans attaches va progressivement devenir un acteur central de l'affaire, et faire des choix qui vont redéfinir son existence...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chaque nouvelle création d'Olivier Berlion confirme l'envergure croissante de l'auteur, celui même qui débuta en dessinant Le cadet des Soupetard. Tony Corso nous donnait déjà une idée de ses capacités de scénariste et de dialoguiste... Mais avec la complicité de l'écrivain Antonin Varenne, il franchit ici un nouveau cap. Cette histoire en deux tomes scotche le lecteur dès la page 3 du premier volume. Dès lors, impossible de lâcher l'album, sans aucune rupture de rythme, parfaitement séquencé. Et surtout, la justesse des dialogues entre ses personnages est d'un niveau très rare dans le monde de la BD. Mesurés et sobres entre Natacha et Henri, grossiers et nerveux entre les trafiquants qui s'invectivent au téléphone, parfaitement au service du récit, dans toutes les étapes du périple. Combinés à un découpage remarquablement équilibré, qui donne le temps nécessaire à chaque scène, ils nous permettent par ailleurs de cerner avec finesse le caractère des héros. A l'image d'un Henri qui s'affirme petit à petit, mais de manière irrémédiable. La maîtrise des deux scénaristes associés culmine, d'une certaine manière, dans cette case sublime, aussi essentielle qu'apparemment inutile, d'une Mercedes qui roule en bord de mer après avoir quitté une station service, et dont le passager demande : « Quelqu'un veut un Mentos ? » : tout simplement jubilatoire ! Le dessin d' Olivier Thomas, s'il n'est pas virtuose en apparence, est néanmoins parfaitement adapté au contexte contemporain de l'intrigue, et impressionne par son sens de la mise en scène et de la dramatisation. Comme lorsqu'il installe ses personnages en double-page au pied du viaduc de Millau, ou lorsque la pluie se met soudain à tomber sur les protagonistes en page 40. Dans la plus pure tradition du polar social à la française, Dos à la mer est un petit bijou de narration et de sensibilité qu'il ne faut pas manquer !