L'histoire :
Allemagne, 1933. Comme tous les jeudis, le docteur Liebermann prend congé de Mme Von Kleist. Le mari de Julia se montre toujours plus inquiet du comportement de son épouse et continue à la faire suivre. Après avoir réussi à faire interner cet ouvrier, Gustav Foerster, qu’il soupçonnait d’être l’amant de sa femme et qu’il taxa de communiste, Ulrich veut maintenant se débarrasser de ce médecin juif qui ne peut qu’avoir une mauvaise influence sur elle ! En fait, Mr Von Kleist aimerait devenir – en droit – l’actionnaire principal de la société Von Flürga. Il n’aurait ainsi plus à en référer à son épouse. Il pourrait mener « son » entreprise conformément à son intérêt et aux visées militaristes du nouveau Reich. L’homme disposant de solides appuis, l’affaire paraît en bonne voie... En face, la résistance à l’oppression nazie reste très minoritaire, impuissante. Le petit groupe, restreint, mené par Baldur – l’un des fils de Julia – constate chaque jour l’emprise grandissante du NSDAP sur la société allemande. Les démonstrations de force se succèdent, comme ce dimanche 27 septembre où une armée de « chemises brunes » révèrent Hitler et Roehm, le chef des Sections d’Assaut, venus se recueillir devant le majestueux monument aux morts érigé au Luitpoldheim. Seul espoir des « faibles » : les dissensions nombreuses au sein même du régime, entre Göring, Himmler, Heydrich, Diels, etc. Tous ces ambitieux sont prêts à s’entretuer pour tenir la meilleure place auprès du Führer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nombreux sont ceux qui attendaient la conclusion de cette série. En dépit d’une chronologie maintes fois traitée – mais toujours appréciée – la trilogie Julia Von Kleist choisit divers partis pris originaux qui font sa singularité de traitement et tout son intérêt. D’abord, le choix des vaincus : comprendre l’avènement du IIIe Reich de l’intérieur et entendre que, non, tous les Allemands ne furent pas nazis. Ensuite, s’attacher plus à des personnages qu’à une histoire, dont l’amateur connaît les détails : écrire une Histoire « sociale » autour des protagonistes aux profils et aux destins divers, qui montrent que le mouvement hitlérien et son idéologie ont embrasé l’ensemble d’une société, dans l’espérance d’un temps. Enfin, la série se passe agréablement de héros. Sans emphase – mais néanmoins non sans un certain suspens – les tomes précédents, comme ce dernier, ont su séduire un large public. La richesse des thématiques abordées – de l’homosexualité à l’adultère, en passant naturellement par l’antisémitisme, le pacifisme, etc. – cette exigence d’esprit n’était pas un pari gagné. Fidèle au reste, la chute et conclusion de cette année 1934 n’est pas facile, voire dure. Elle n’en est pas moins « juste » (logique) et vraie. Et si côté récréation Julia Von Kleist n’est sans doute pas le meilleur titre du moment, là n’est pas son propos. Il suffira au lecteur de se replonger dans les copieuses annexes de fin d’albums pour l’apprécier.