L'histoire :
En 1913, la francfortoise Julia von Flürga, fille d’un gros industriel spécialisé dans les moteurs, se marie avec Ulrich von Kleist, un aristocrate désargenté, ancien as de la Luftwaffe durant la première guerre mondiale. Ils ont deux enfants, le brillant et conquérant Siegfried, et le sensible Baldur, à l’âme artiste. Dans les années 1920, Hermann Göring tente quant à lui d’oublier la première guerre mondiale en étant pilote pour une compagnie aérienne suédoise. A l’occasion d’un retour de voyage en compagnie du comte Eric von Rosen, il fait la connaissance de la sœur de ce dernier, Karin, avec laquelle il se marie. Au contact de cette famille, il s’intéresse au nouveau parti politique fondé par un certain Adolf Hitler, le NSDAP. Il se reconnait totalement dans l’idéologie nazie, notamment dans l’avènement de la race aryenne et à la société de Thulé. Il devient membre du partie et proche de Hitler. Il participe ainsi au putsch raté des 8 et 9 novembre 1923, et se retrouve à l’hôpital, blessé par balles. En 1927, le père de Julia Von Kleist disparaît, et c’est son beau-fils Ulrich qui se retrouve à gérer l’usine. C’est à cette époque à Stockholm, que Ulrich recroise son vieux camarade de la Luftwaffe, Hermann Göring. Evidemment, ils parlent politique… mais Julia confiera aussitôt que cet homme lui fait peur. Une espèce de folie luit dans son regard…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers le portrait de cette femme fictive, Julia von Kleist, Jean-Blaise Djian et Bruno Marivain ont composé entre 2009 et 2011 une fresque historique en 3 tomes cernant la montée en puissance du régime nazi dans l’entre-deux-guerres allemand, comme l’indiquent les « bruits » de bottes en couverture. Aujourd'hui réédité sous la bannière EP, le récit débute dans les années 20 avec ce tome 1, qui met majoritairement en scène deux destinées en alternance : celle du sinistre et authentique Hermann Göring et celle d’une allemande quelque plus humaine, qui donne son titre à la trilogie. Julia cerne rapidement l’ignominie du régime nazi que supporte son mari. Ce dernier odieux personnage s’approprie l’entreprise léguée par son père à elle, et la trompe odieusement avec sa secrétaire – de fait, elle lui rend bien. Le triple statue de cocue, spoliée et en désaccord idéologique, en sus de la beauté que lui accorde Bruno Marivain, fait de Julia une héroïne attachante. On peut certes reprocher à la narration de Djian son rythme un peu plat et technique, mais elle a le double mérite d’être limpide et de transmettre admirablement une idée des mentalités de l’époque. Le dessin de Marivain fraye quant à lui avec la ligne claire (et fine). Il se révèle d’une grande minutie, détaillé, documenté et varié dans les décorums, là encore pour une immersion optimale.