L'histoire :
Novembre 1932. La victoire du parti nazi aux élections législatives en Allemagne surprend. Il y a encore quelques mois, Ulrich Von Kleist, patron par alliance des usines Von Flürga, se méfiait encore de ce monsieur Hitler appelé aujourd’hui à former un nouveau gouvernement. Le vent tourne. La jeune République de Weimar vit ses dernières heures. Convaincu de l’infidélité de sa femme, Ulrich fait appel à un détective privé qui la file. Ce dernier découvre que Julia rencontre discrètement un certain Gustav Foerster, ouvrier à l’usine. Peu après, le Reichstag est incendiée – la nuit du 27 février 1933 – et les communistes montrés du doigt. Le pouvoir nazi étend son emprise sur la société. Les libertés sont restreintes au nom du rétablissement de la grandeur nationale et les persécutions se multiplient (à l’encontre des minorités, des Juifs notamment). Finalement rallié par la force des choses, Ulrich reprend contact avec un ancien camarade, Göring, devenu président du Reichstag et personnage de premier plan du nouveau régime. Opportunément, Ulrich dénonce Foerster pour propagande communiste (de fait, c’est sa fille qui milita un temps activement). L’homme est arrêté et envoyé à Dachau en camp d’internement. Julia l’apprend trop tard…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Peut-être avez-vous manqué le film Le Ruban blanc (de Michaël Haneke, Palme d’or à Cannes en 2009) ? Une fiction ayant pour cadre l’Allemagne d’avant Première Guerre mondiale revenant sur les « origines du Mal », comme il a été dit, avec tout ce que l’expression comporte d’imprécision. La présente série mérite sa réédition. En effet, elle entend elle aussi, dans son domaine, apporter des explications sur l’avènement du régime nazi, en prenant pour cadre le début des années 1930 en Allemagne, les dernières heures de la malheureuse République de Weimar. Née de la défaite, confrontée à une grave crise économique, la première République outre-Rhin ne put durer (…). Jean-Blaise Djian, Bruno Marivain et Marine Tumelaire – respectivement à la plume, au crayon et aux couleurs – brossent un tableau appliqué d’une période empreinte d’incertitudes, de méfiance et de jalousies. Trois tomes pour trois date et un même moment où s’entremêlent les personnages d’hommes et de femmes qui, tous, semblent pris dans un mouvement regrettable de l’Histoire. Ce second épisode s’apprécie sans réserve – sinon celle d’une fin qui vient trop vite. Le trait est agréable et la narration habile à marier fiction et Histoire. Julia et son mari Ulrich occupent les devants et le lecteur appréciera tout particulièrement le caractère changeant de ce dernier, passant progressivement – opportunément – du côté nazi. Un gros travail de documentation pour restituer au plus juste l’ambiance d’époque a sans doute été nécessaire. Prenant et didactique, Julia Von Kleist a été un succès de librairie lors de sa parution initiale en 20096-2010-2011. Le 3ème opus bénéficiera sans nul doute lui aussi d'un reformatage, au sein de laquelle on sait déjà que tout finira mal…