L'histoire :
La sainte Russie est malade depuis bien longtemps. Pourtant, invariablement, les ministres dressent au tsar un tableau idyllique de l'empire : les révoltes seraient matées, le blé ukrainien déborderait des silos de Saint-Pétersbourg. En Sibérie, la mutinerie d'une caserne met cependant la puce à l'oreille du monarque qui en vient à douter : serait-il dupe d'un complot attentant à la grandeur du pays ? Un soir, le tsarévitch convie le prince Obolensky, le seul en qui il puisse avoir confiance, à la représentation privée d'une pièce arabo-persane : l'histoire du calife Haroun Al-Rashid qui chaque soir se mêlait déguisé à son peuple afin de démasquer ses ministres hypocrites…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Recette pour un conte savoureusement déjanté : Prenez les Fables de Lafontaine. Effeuillez quelques vers du Corbeau et du renard : ceux du fromage échappé par un phénix plumé à l'écoute du félin persifleur. Puis, relisez celle du lièvre trop arrogant doublé sur la ligne par l'ingénue tortue. Enfin, repassez-vous la VHS ou DVD d'Aladin par Walt Disney (c'est plus court que de réciter les Mille et une nuits et vous pouvez même chanter « ce rêve bleu, je n'y crois pas, c'est merveilleux... »). Noyez le tout dans une ambiance fin de règne style révolution bolchevique d'octobre 1917. Puis réfrigérez les rouges avant de les chauffez à blanc. Voilà. Vous vous les gelez par un froid sibérien à ne pas mettre un moujik dehors. A l'occasion, pour les plus piqués d'entre vous, inspirez-vous du récit de Tarek, quelque peu « maletsien » (lire l’excellent Malet) et illustré du trait satirique de Lionel Chouin (qui n'est pas sans rappeler le style du leg de l'alchimiste). Ah oui, n'oubliez pas de délaver judicieusement les couleurs afin d'en renforcer l’authenticité et de terminer votre programme en roue libre par une ultime pirouette. Pour la suite, vous patienterez car tout est désormais joué. Pantins ! Il n'est déjà plus temps d'agir. Vous voici dupé ! « Tel est pris qui croyait prendre », telle pourrait être la morale corrompue de cette fable d'aliénés…