L'histoire :
Les prix montent en Russie. Ceux des denrées alimentaires, des logements, de la vie quoi ! Donc le mécontentement populaire croît aussi. La situation préoccupe grandement le tsar qui connaît les dangers d’une possible révolution : l’anarchie guette. Afin de sauver sa couronne, le monarque – éclairé des conseils de son fidèle conteur – réunit en conseil ses ministres. Il faut agir sans tarder ! Mais que faire ? Après une nuit de réflexion, le tsar revient aux affaires. Il décide d’organiser des élections générales pour la désignation d’une nouvelle chambre élue à qui incombera la tâche de faire remonter les souhaits du peuple. Ainsi, le peuple pourra s’exprimer. Enfin l’impression. Car afin de garder la main, le tsar part en campagne ! Entouré de ses fidèles – le conteur, le prince Obolensky, son épouse – et protégé par Taramitsu et ses braves, le tsar se lance dans un périple rocambolesque qui le promènera, via un train spécial, en les principales villes que compte la Russie à la rencontre de son peuple. Le tsar sait que la corruption gangrène le régime. Il sait que bien des obstacles l’attendent. Mais l’exercice lui plaît et de plus, il n’a pas le choix. Contre le félon ministre des provinces et le prétendu « parti des paysans », le tsar non plus ne joue point cartes sur table…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’année commence « follement » aux éditions Emmanuel Proust avec la conclusion du (1er ?) cycle d’un Tsar fou qui nous a tant – intelligemment – diverti. Trois de chute donc, et autant d’albums truculents pour une trilogie qui restera. Un tsar que l’on a appris à connaître au fil des pages, un tsar point aussi fou que cela. Et le voici à la pointe du mouvement d’émancipation des peuples lançant, très avant l’heure, la première campagne électorale du la très sainte Russie… Vox populi, vox dei démontre à chaque case que ses auteurs ont tout compris de la bande dessinée. Tarek et Chouin maîtrisent en effet l’exercice de bout en bout, prouvant le chemin parcouru. Les deux précédentes aventures offraient ça et là quelques imperfections ; ici, de l’entrée en matière sobre et efficace à la conclusion rocambolesque (en queue de poisson, diront certains ?), la maîtrise est totale ! L’histoire emprunte à l’accoutumée : à l’Histoire, à la littérature, au septième et neuvième art, à la rhétorique politique, aux contes, etc. Inutile de les citer, vous les reconnaîtrez aisément (sinon vous chercherez !). Côté dessin, Lionel Chouin poursuit sa métamorphose graphique, son trait s’étant considérablement affiné depuis ses débuts. Plus essentiel, plus propre, proposant des angles de vue à 360° comme le ferait une caméra, Chouin s’est peut-être trouvé ici, si l’artiste s’en satisfait. Le lecteur est en tout cas sous le charme d’un style à la fois plein d’humour et réaliste, sachant saisir l’expression au plus juste, ni plus ni moins. Si l’on considère – selon l’image d’Epinal – que le cheval est l’élément le plus piégeux à dessiner, on en compte sur ce titre à quasi chaque page, et pas qu’un seul ! Le Tsar tire donc sa révérence sur un ultime coup d’éclats. A moins que Tarek et Chouin choisissent pour notre bonheur de nous conter cette « autre histoire » qu’ils nous promettent en toute fin (...). Ah oui, mention spéciale aux couleurs signées Christophe Bouchard !
