L'histoire :
Lundi 25 novembre 1866, au petit matin. La gendarmerie est sur place au cimetière du Père-Lachaise. Un homme a été tué la nuit passée d’une bien étrange façon : son cadavre est retrouvé de pierre ! Nul parmi les officiers présents n’a jamais vu cela. La chose est horrible ! Sommes-nous encore du domaine du rationnel ? Le seul probable témoin de la scène, le gardien, a été vu hurlant sur le boulevard avant d’être renversé par un omnibus (…). Qui (ou quoi) peut être la cause de tout cela ? Impuissants, les inspecteurs Philastre et Landieu se contentent d’interdire l’accès au public jusqu’à nouvel avis. Interdiction formelle de parler ! Il ne faudrait pas qu’un vent de panique gagne la ville… Non loin de là, Tristan Sphalt se lève. Habitant une modeste chambre du centre ville, le jeune homme sans le sou a rendez-vous rue de Richelieu, au Petit Journal, pour un entretien d’embauche. La place de sténographe qu’il convoitait est déjà prise. Mais le directeur du quotidien lui propose celle d’un chroniqueur qui les a « lâchés » ce matin. Acceptant sans réserve, Tristan est chargé d’enquêter sur les événements du Père-Lachaise. Son papier est attendu pour le soir et devra faire « dresser sur la tête les cheveux des lecteurs » ! Muni d’un laissez-passer, le nouvel embauché à l’essai se rend sur la scène du crime. Il y note un détail intéressant puis reprend l’omnibus. Un certain Emile Auguste d’Onfroy l’approche. L’intriguant rupin le suit depuis un petit moment déjà…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Connaissiez-vous Marc Piskic ? L’auteur – artiste éclectique et musicien à ses heures, fondateur du groupe Land reconnu sur la scène underground – a fait ses armes chez le même éditeur avec deux Agatha Christie remarqués : Le Crime du Golf et Le train bleu. Plutôt discret, si vous ne l’aviez noté jusqu’à présent, c’est désormais chose terminée ! Avec Pierre de brume, premier volet d’une tétralogie annoncée, Marc Piskic s’invite à la table des (futurs) Grands. Un cadavre de pierre est retrouvé au cimetière du Père-Lachaise, à l’apogée du Second Empire. Un jeune chroniqueur sans le sou est dépêché sur l’affaire par le fameux Petit Journal… L’époque, méconnue à sa juste valeur, fut une des plus fécondes économiquement et socialement parlant de l’Histoire de France. Une époque de profondes transformations, tant urbaines (Haussmann) qu’industrielles (chemin de fer, etc.). Une population encore rétive au changement. Une mine d’or pour les scénaristes, amateurs d’étrange ! Série policière et fantastique, Ontophage bénéficie d’un dessin hors norme, d’un trait classique collant parfaitement à l’ambiance et de cadrages cinématographiques au petits oignons ! Bien documenté, le moindre détail a été soigné et l’immersion graphique se révèle pleine et entière. Le lecteur est conquis, vraiment. L’édition (Emmanuel Proust ne s’y étant pas trompé) offre de plus 64 pages d’un format appréciable ! Seule réserve : si les répliques saignent – propres et nettes – et que la narration passionne, lorsque vient la fin, on reste un peu sur sa faim (…). Le mystère est encore trop entier. M. Millaud, directeur du Petit Journal avertissait : « Rappelez-vous ! Ne laissez pas la vérité vous gâcher une bonne histoire ! ». Sage conseil. La collection Atmosphères s’enrichit jour après jour de titres aussi variés que précieux. Voici sans nul doute les débuts d’une excellente série de genre. A suivre…