L'histoire :
Sur l’île de Saint-Kilda, personne n’a plus vu Darius depuis un moment. Gwenvred est inquiète, très inquiète. Jacob lui a répondu que l’étranger est sans doute reparti avec le vapeur qui stationna un temps au large des côtes. Mais la jeune femme n’est pas convaincue. Elle ne veut pas croire que son nouvel amant se soit envolé sans rien lui dire. Jacob réussit à faire passer Gwenvred pour folle et la fait enfermer dans une maison sur la lande, à part. Ainsi les Esprits l’ont-ils voulu… Gwenvred accepte, la mort dans l’âme, les explications religieuses – et empruntées – du pasteur. Elle écrit à Darius une lettre dans l’espérance de futures retrouvailles. Puis elle entend Aïkin et Pierk parler de la balade de Darius sur Dun, de l’autre côté de l’île. N’y résistant pas, Gwenvred décide d’aller y faire un tour et y retrouve Darius, gravement blessé, d’une balle dans la clavicule…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a un peu plus d’un an, la première partie de ce diptyque inspiré, en terres écossaises, laissait une belle impression. Reprenant l’histoire de l’archipel de Saint-Kilda, aux larges des côtes britanniques, Pascal Bertho imagine l’intrusion d’un jeune scientifique emprunt d’humanisme dans un monde maintenu clos, une microsociété religieuse. Au fil des pages, le lecteur découvre que la population est maintenue en coupe réglée dans l’intérêt criminel d’un seul homme, le pasteur (secondé de quelques ignorants aveuglés). La peur du Tout-Puissant – des Esprits de l’île – justifiant toutes les actions, dont le « sacrifice » de jeunes femmes vierges destinées – de fait – aux bordels du continent… La chute de ce thriller naturaliste et humaniste offre quelques surprises, notamment le sort réservé au principal protagoniste de l’intrigue. Une fin un peu « expéditive » à y bien regarder, évitant le happy-end et donnant son titre au tome, mais amenée un poil maladroitement. C’est affaire de goût (…). Sinon l’aventure fut belle et la thématique de l’intrusion du « moi » dans la conscience collective – apprendre à penser par soi-même et pour soi-même – est originale en bande dessinée et constitutive de notre identité moderne. Côté dessin, l’ambiance se révèle toujours si soignée, jouant sur le climat supposé venteux et humide de là-bas et donc sur les dominantes grise et verte (un soupçon bleutée). Un agréable voyage un siècle en arrière, en contrée européenne, pour preuve que le dépaysement n’est parfois pas si loin. Un travail qui mériterait assurément une édition intégrale à offrir !
