L'histoire :
Octobre 1892. Dans une rue désertée par la circonstance, le shérif de Coffeyville (Kansas) et deux hommes en armes attendent que les frères Dalton sortent de la First Bank, que ces derniers viennent de braquer. Un guetteur les prévient : ils sont sortis par l’arrière. Néanmoins, Bob et Emmett Dalton sont coincés. La fusillade éclate… Comment ces frères qui se destinaient à une carrière héroïque en sont-ils arrivés à devenir de tels bandits ? Remontons 5 ans en arrière. En novembre 1887, Bob rapporte à ses parents la dépouille de son frère Frank, tué en brave alors qu’il tentait d’empêcher une bande de vendre de l’alcool aux indiens. La mère Dalton est attristée, le père alcoolique ne se rend pas bien compte. Au terme de l’enterrement, le petit frère Emmett demande à Bob s’il peut quitter le foyer parental pour devenir Marshall, comme lui. Il ne supporte plus ni de cornaquer le bétail, ni l’alcoolisme du paternel. 6 mois plus tard, Bob s’est arrangé pour en faire un de ses adjoints, dans la bourgade de Pawhuska. Emmett s’étonne alors qu’un autre des adjoints soit un indien. Il ignore encore que Bob est largement corrompu dans le trafic d’alcool. Un jour, le troisième frère Grattan, jusqu’alors chef de la police à Tahlequah, débarque dans leur ville. Il leur annonce qu’il vient de faire un séjour en prison et qu’il part « faire fortune » en Californie, pas vraiment d’honnête manière…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir dessiné une autobiographie de l’éditeur Pierre Paquet, l’espagnol Jesus Alonso met son coup de crayon semi-réaliste, sûr et dynamique au service de la biographie d’un autre genre de bandits : les Dalton. Evidemment, lorsqu’on évoque ce patronyme, « Dalton », on pense immédiatement à Lucky Luke, aux tailles échelonnées et aux tenues rayées des bagnards… Oubliez ça. Ceux que Morris a popularisés ne sont que des cousins fictifs et parfaitement abrutis des authentiques Dalton. Pour être complets, rappelons toutefois que les vrais Dalton apparaissent dans l’épisode Hors-la-loi (Lucky Luke T12), pour y mourir rapidement. Le scénario d’Olivier Visonneau propose de montrer comment ces trois frères (et non quatre) issus d’une famille respectable (ils étaient 15 au total dans la fratrie !) ont aussi mal tourné. Propension au vice, envie d’aventures, engrenage fatal, mauvaises fréquentations… Après un flash-forward destiné à ferrer le lecteur sur l’attaque fatale de la banque de Coffeyville, où ils furent flingués, les séquences s’alternent de manière chronologique, en dévoilant progressivement un peu de tout cela. Mais la grosse explication sur leur basculement vers le côté obscur se révèlera vraiment au tome 2. Pour le moment, le western qui en résulte répond à tous les codes du genre et comblera donc les amateurs du registre, un soupçon de contextualisation historique en sus. Mention spéciale aux dialogues bien tournés et parfois truculents…