L'histoire :
Niki de Saint Phalle donne une interview sur un plateau télévisé. Elle est peintre, sculptrice, architecte, metteuse en scène. Elle aime s'exprimer à travers différentes formes. A travers ses créations, elle veut faire surgir la partie la plus authentique d'elle, ses imperfections. La présentatrice lui demande comment elle est devenue artiste. Alors, Niki plonge dans ses souvenirs. Elle se rappelle les années 40 à New-York. Elle est alors éduquée dans un cadre conservateur et religieux, avec la peur et la honte comme quotidien. Très tôt, elle fait preuve de rébellion et elle est expulsée de plusieurs écoles. A travers la couleur et la dégradation, elle commence à entrevoir une sorte de liberté. Sa mère a allumé en elle la passion de la musique, de l'art et de la mode, même s'il lui arrivait de vouloir la tuer, pour la libérer de sa prison sociale qu'elle ne désirait pas, et d'un homme qui ne la méritait pas. Surtout, elle ne veut pas reproduire le même schéma, elle ne veut pas étouffer dans cette « vie de femme ». Elle décide de ne jamais se soumettre. Pourtant, quelques années plus tard, elle fait preuve de contradiction. Elle se marie, devient mère. Mais elle n'aspire qu'à une chose : s'enivrer d'art et de vie. Pourtant, le monde s'assombrit autour d'elle. Niki tente de se suicider de manière dramatique. Son mari l'en empêche, mais elle est internée en psychiatrie. C'est là-bas qu'elle va prendre ses premiers crayons. Elle trouve dans l'art un refuge qui lui permet de se guérir de ses traumatismes.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Monica Foggia, scénariste (autrice de deux romans graphiques, consacrés à Christa Wolf et à Camille Claudel), s'intéresse aujourd'hui à la figure artistique de Niki de Saint Phalle. Elle est accompagnée par l'illustratrice Valeria Quattrocchi sur cet album. Ensemble, elles retracent la vie de cette artiste devenue mythique. Elles montrent les moments sombres de sa vie, tout comme les lueurs artistiques, dans l'objectif de mieux comprendre son travail. Elles mettent en avant la puissance de sa créativité, qui vient servir sa lutte pour l'égalité. La vie de Niki de Saint Phalle est abordée à travers le prisme de sa vie personnelle et de sa vie artistique. En utilisant le stratagème scénaristique de l'interview, Monica Foggia parvient à capter son lectorat, à naviguer entre présent et passé. Elle permet au lecteur de s'emparer du sujet. L'album est également scindé en chapitres, ce qui permet de mieux décortiquer l'approche autour de la vie de l'artiste. On notera aussi qu'une courte biographie est présente en début d'album. D'ordinaire, celles-ci sont plutôt positionnées à la fin de l'ouvrage. Mais il est plutôt intelligent de l'avoir mise à cet endroit, car le lecteur balaie une première fois grossièrement la vie de Niki de Saint Phalle, avant d'entrer dans le vif du sujet. Il est plus familier avec le personnage, et s'attarde davantage sur sa psychologie. Graphiquement, on sent quelques lacunes, notamment dans les traits des personnages. Mais la colorisation permet de faire le lien avec l'œuvre de Niki de Saint Phalle. Sous le prisme de l'hommage, la bande dessinée permet de mieux comprendre Niki de Saint Phalle et son travail artistique.