L'histoire :
Dès que le virus de la covid-19 a commencé à faire parler de lui à Wuhan en Chine, le dessinateur Valott a tracé quelques pistes graphiques, qui allaient lui servir de décors et d’objets récurrents au cours des semaines qui suivirent. Le tout premier dessin, datant du 5 février 2020, mais resté à l’état de rough, est un plagiat de la place Tien’anmen, avec un homme tentant d’arrêter, en vain, trois grosses boules de virus (en lieu et place des chars). Environ 80 dessins, plus symboliques et sarcastiques que réellement humoristiques, ont suivi. Ils mettent en scène le coronavirus et les effets de la pandémie sur la civilisation humaine. Tous réalisés entre février et avril 2020, les dessins s’accompagnent d’un court texte de contextualisation en légende.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout dessinateur est un confiné d’origine. Comme le disait Moebius « Dessinateur est le métier le plus libre du monde. On vous enferme dans une pièce et vous faites ce que vous voulez ». C’est ainsi que Valott (Jacques Valotton, de son vrai nom) s’est mis à décliner le virus de la covid-19 dès lors que la pandémie a commencé ses ravages mondiaux au début de l’année 2020. L’artiste suisse n’a pas eu à beaucoup forcer sa nature car il est depuis longtemps habitué à dessiner dans deux journaux helvétiques (24 heures et Le matin). Ici, la forme du virus microscopique, sphérique, rose et avec ses picots, est sa première source d’inspiration. Cette petite « boule » sert essentiellement d’obstacle (voir la couverture) ou de grain de sable coincé, voire encore se démultiplie pour composer un raz-de-marée ou un maelstrom. On pourrait même dire qu’au-delà de l’inspiration, le virus a tourné à l’obsession chez Valott, à la (dé)mesure du prisme médiatique qui lui était offert. Ce recueil contient environ 80 dessins originaux, qui jouent plus avec la symbolique ou l’absurde, qu’ils n’ont une vocation réellement humoristique, dans le sens où ils singent plus notre civilisation couillonne en perdition, qu’ils ne cherchent à faire rire. L’effet produit est forcément souvent anxiogène… mais pas seulement, car le coronavirus a aussi eu quelques corollaires bénéfiques (l’espace accordé à la faune sauvage). Et puis tantôt, une fulgurance écrite remplace largement tout besoin de dessin (« Le coronavirus est le seul truc made in China qui dure si longtemps »). Néanmoins, dans la forme, Valott varie les techniques et les finitions : crayonnés aboutis ou simples rough, caricatural ou réaliste, tradi ou vecteurs numériques, emprunts à la photo ou détournements parodiques (les nains de Blanche Neige)…