L'histoire :
En 1996, Jonathan a 12 ans et il entre en classe de 6ème… « l’école des grands » ! Il est un peu impressionné, mais il se sent sûr de lui car il y a un contrôle de maths, or il a toujours été fort en maths. Hélas, avant d’entrer en classe, l’impétueux Kader s’interpose et lui demande « Kes’y a ? » Un comparse renforce le traquenard : « Haaan, y t’a dit vas niquer ta mère ». Kader devient furibond. Il prend la tête de Jonathan entre ses mains, colle son front au sien et d’un regard noir et puissant, il lui promet de le tuer à la sortie. Totalement en panique, Jonathan n’arrive plus à faire ses calculs. Il va mourir à 16h. Or, à la sortie, il ne se passe rien. Kader l’a oublié. Jonathan vient d’apprendre la provoc’ inutile et gratuite. Les maths lui reviennent aussitôt en tête et il calcule : 5 jours de cours x 52 semaines - 16 semaines de vacances, le tout multiplié par 4 ans = 976 jours en enfer. Plus tard, il est interpellé par des jeunes plus cools. Ils sont assis par terre et lui demandent s’il a des feuilles. Ravi à l’idée de se faire des alliés – potentiellement utiles en cas de récidive de Kader – il sort de son cartable des copies doubles à grands et petits carreaux. Les jeunes cools se moquent de lui : ils voulaient des feuilles pour rouler leurs clopes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’âge bête (ou bite, si vous lisez bien la couv), c’est celui que revendique avoir eu Jonathan Munoz, l’auteur complet de ce recueil de souvenirs d’ado. De 1996, année de son entrée en 6ème à ses 20 ans, l’auteur tourne à l’autodérision ses années collège et ses années lycée. Si vous êtes passé par cette période (cherchez pas : à moins d’être encore en CM2 ou d’être passé dans un vortex spatio-temporel, vous êtes forcément passé par cette période), rien de ce qu’il évoque ne vous est totalement inconnu. Il y a les caïds qui harcèlent, l’importance de l’apparence physique, les petites bêtises, les grosses conneries, la découverte de son corps, le skate, les premiers flirts, le partage des goûts musicaux, des jeux vidéo, puis les expériences sexuelles, le ratage du bac et la découverte d’une vocation. Pour Jonathan, après bien des errances, ce sera (donc) auteur de BD. A chaque nouvelle classe, une page interlude liste les sujets d’actualité pour les jeunes de cet âge, cette année-là, à grand renfort de logos (les groupes de zic, les films…). Sur le plan comique, l’auteur trouve un juste milieu entre l’humour « Fluidesque » (un peu scato-cul) et la madeleine de Proust touchante. Il se dévoile avec une sincérité touchante, notamment lors de la mort de son papa (un choc, à 14 ans), de l’aveu de la fauche dans un supermarché, de ses hontes ordinaires ou de ses premiers émois sexuels. Le dessin juste ce qu’il faut d’infantile, plein de peps, de douceurs et de jolies couleurs (d’Anne-Claire Thibaut-Jouvray) contribue à rendre ce recueil d’historiettes attachant.