L'histoire :
Toby, le chien de Marcel Costé, champion de tennis, le réveille en lui sautant dessus et en lui léchouillant le visage. Le champion ouvre un œil… il est 12h45 ! Il est sévèrement en retard ! Il saute de son lit, enfile ses gros godillots et attrape son sac de tennis. Puis il traverse sa cuisine et saute par-dessus le filet tout en buvant un café. Il pique un sprint à travers l’allée de sa maison de campagne et file à bord de son triporteur à moteur jusqu’à l’aéroport. Il se gare, prend un ticket, court jusqu’à la porte n°5, zigzague entre les interminables cordages de la file aéroportuaire vers l’embarquement. Enfin, c’est la fouille. Un agent mal-aimable lui refuse sa bouteille d’eau. Il sera obligé d’en racheter une autre hors de prix dans l’espace duty-free. Le vol se déroule normalement, à l’exception d’un vendeur de tapis qui passe pour vendre son stock dans la rangée centrale. A peine atterri, Marcel pique un nouveau sprint pour récupérer son sac de tennis sur le tapis roulant, puis file aux toilettes faire la grosse commission. Lavage de mains (compliqué, à cause de tous les détecteurs de mouvements qui fonctionnent à contretemps). Enfin, il sprinte vers la sortie, hèle un taxi, s’engouffre dans les embouteillages, paie le chauffeur et court encore pour entrer dans le stade Roland Garros. Il se jette littéralement sur le terrain la raquette à la main pour rattraper le premier service de son adversaire, en lui collant un puissant passing du revers long de ligne. 15-0. Comme lui a inculqué son maitre spirituel, son vieux sensei asiatique, l’échauffement lui a été profitable.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le principe d’un sujet encyclopédique est de faire un tour exhaustif d’un sujet donné pour en révéler au grand public la substantifique moelle dans tous ses détails, ne comptez pas sur Gregory Panaccione pour vous enseigner le tennis. En revanche, assurément, l’auteur franco-italien s’y connait dans ce sport aussi complet et passionnant qu’énervant, à en croire les postures de frappes, les sensations de vitesse, les glissades sur terre battue, les tics psychologiques et les trajectoires de balles de son personnage champion. Ce dernier, appelé Marcel Costé, est toujours improbable : chevelure de Rahan, tenue médiévale, godillots de randonnée, surcharge pondérale obelixienne… Il est tout l’inverse du gabarit habituel du champion de tennis, mais traverse en winner les historiettes de ce second recueil prépubliés dans le mensuel Fluide Glacial. Il fait des coups fabuleux, face à des joueurs authentiques (Nadal, Djoko, Sinner…) dans des contextes surréalistes et foutraques : avec des balles carrées, dans une ambiance de western, en combat de boxe, sur une scène d’Incroyable talent… C’est une nouvelle fois complètement délirant et ça parait à point nommé juste avant Roland Garros pour ajouter la légèreté nécessaire au contrepoids des enjeux sportifs sur ce tournoi majeur.