L'histoire :
L'avatar de l'auteur et celui du cousin alcoolique de Scott McCloud analysent le marché de la bande dessinée, ses publics, ses motivations commerciales, ses techniques, ses arcanes inavouables, ses acteurs intéressés. 18 chapitres sont nécessaire à ce guide parodique : introduction, la BD à travers les âges, étude du style, anatomie des héros, la bédé et l'argent, les remakes qui cartonnent, les adaptations à succès, les complots, les arnaques, comment présenter un projet, les BD refusées, comment ça se passe après, les critiques, la BD déméchantisée, les lecteurs, les iconoclastes, les métiers extravagants, re-cours d'anatomie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a quelques années, l'américain Scott McCloud avait publié un ouvrage de référence sur les techniques narratives et graphiques à mettre idéalement en branle pour faire de la bande dessinée. Le présent Art du 9ème art réalisé aujourd'hui par le français Emmanuel Reuzé est en quelque sorte sa version parodique étendue à quelques acteurs satellites du marché. Afin de bien définir son pastiche, Reuzé plagie initialement l'avatar de McCloud, avant de le remplacer par son cousin alcoolique aux compétences discutables, McCrawd. Puis, épaulé par les commentaires approximatifs de ce critique iconoclaste, il écorne consciencieusement les différents styles de BD (l'heroïc-fantasy, les blogs, la « nouvelle BD »...), les multiples techniques et leurs motivations commerciales. 18 chapitres lui sont nécessaires (voir résumé) pour ce décorticage en règle pétri d'humour, de mauvaise foi et de clairvoyance, et surtout d'un sacré talent de faussaire. Reuzé est hilarant lors du cours d'anatomie qui lui offre l'occasion de montrer ses talents de copieur. Il reproduit ainsi (entre autres) le mécanisme nerveux de Lucky Luke tirant plus vite que son ombre, le gros dégueulasse de Reiser-Vitruve, le nu grec de Tintin, le Spirou de 1 à 101 ans, ou la découpe bouchère d'Obélix. Des exposés de 1 à plusieurs planches lui permettent encore de diversifier un style réaliste maîtrisé, pour développer sa relecture cynique. Il est aussi particulièrement mordant envers les éditeurs âpres au gain, les critiques incompétents (mea culpa) et l'ego surdimensionné de Joann Sfar. Il écorne encore, avec un sens assumé de la moquerie, les stéréotypes de BD attendus par les public-types. Par son approche éclectique des styles graphiques, tout comme par son œil acéré et sardonique posé sur le milieu de la BD, Reuzé convaincra essentiellement, mais totalement, les gros dévoreurs de 9ème art.