L'histoire :
Une visite, arrondissement par arrondissement, de la Capitale, avec des adresses et anecdotes diverses. Ainsi, le Vème arrondissement nous vaut une visite mouvementée à la bibliothèque municipale où Elsa se trouve nez-à-nez avec une engeance bruyante et terrifiante ; tandis que le XIIe emmène l'auteur dans un manège désert de la foire du Trône, tôt, le matin. D'autres visites se font plus coquines avec le récit d'un tour au Bois de Boulogne (XVIème) qui n'a rien à envier à une expédition ingénue dans un salon de massage chinois ou encore une balade dans le quartier du Marais où, malgré ce que l'on peut penser, tout le monde n'est pas homo. Restaurants, métro, provinciaux et psychopathes, tout cela, Elsa Barrère le raconte avec le regard d'une parisienne pur jus qui souhaite expliquer à ceux qui ne sont pas du coin comment et pourquoi les choses fonctionnent ainsi à Paris.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Faire une visite guidée décalée de notre capitale en s'attardant sur ses aspects les plus trash et les moins ragoûtants, voilà une invitation qui ne pouvait qu'intéresser l'auteur de ces lignes, trésorier de l'anti-fan-club de Paris. Et voilà, autant le dire tout de suite, Paris Trash déçoit. Pas par les illustrations efficaces et à propos de Stéphane Trapier qui livre ici un boulot impeccable, mais par les thèmes, le ton et l'impression que l'ouvrage ne saurait réjouir que les parisiens souhaitant se donner des coups de coude rigolards et rire de leur propre « trashitude ». Bien sûr, on ne s'attendait pas à du vrai trash, à des illustrations craspecs et du sexe en-veux-tu-en-voilà mais les thèmes visités sont quand même ultra-convenus. Oui, bien sûr, dans la boutique Hermès du VIème arrondissement, tout est hors de prix et la clientèle est constituée de riches vivant dans leur propre petit monde. Oui, c'est vrai, les boutiques du genre des coiffeurs africains sont délicieusement exotiques et le métro est une expérience à part... Mais si on ne peut révolutionner sur le contenu, alors au moins sur le ton et les histoires associées, non ? Entre le récit d'un repas à côté de la table de Vincent Cassel, où la mère de l'auteur lui colle la honte, ou encore le récit initial d'une déambulation à Châtelet-les-Halles, la majeure partie des histoires se base sur le modèle « j'ai cru mais en fait non » avec, pour teneur, l'équivalent de brèves entrées de blog, un peu amusantes mais rarement incisives. Les adresses données le sont au compte-gouttes et les endroits les plus trash sont rarement situés. On n'avance pas vraiment, alors que les numéros des arrondissement défilent. On termine sur l'impression d'avoir lu un récit faussement ingénu, n'osant pas aller à fond dans la méchanceté ou dans la critique. Reste un panorama gentillet et superficiel (voire un peu amoureux) de la capitale, qui ne nous choquera pas vraiment, nous les provinciaux (que les parisiens semblent avoir du mal à distinguer des authentiques psychopathes), tant on peut voir pire dans n'importe quel village paumé. C'est joliment illustré, mais ça passe un peu à côté d'un pitch pourtant prometteur en grincements de dents.