L'histoire :
Au moment où il consulte ses mails, Jean-Christophe découvre qu’il est invité à rejoindre la grande communauté Facebook. Or pour cela, il lui faut publier une photo de lui… et tout ce qu’il a en stock est totalement ringue. Il décide donc d’en prendre une belle sur le vif de lui-même, le mettant particulièrement en valeur, avec un sourire charmeur, une attitude cool... et il en profite pour la retoucher avec Photoshop, se rajoutant des cheveux. Tout content de lui, il ne lui reste plus qu’à se faire des amis ! Et tant qu’à faire, autant proposer son amitié à la star du moment, Helena Noguerra. Banco, elle accepte dans les 5 minutes… et l’invite même à son prochain concert, 5 minutes plus tard ! persuadé que sa photo a fait mouche, Jean-Christophe exulte. La semaine suivante, il se met sur son 31 et se pointe la gueule enfarinée au concert de sa « nouvelle amie » à la Cigale. A l’issu du spectacle, il va la voir dans sa loge, pour concrétiser cette cyber relation… et s’aperçoit désillusionné que Facebook n’est qu’un énième outil promotionnel : sa photo est au milieu d’un panneau géant d’autres, de centaines de fans, qui ont tous publié des clichés frimeurs retouchés à l’informatique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sans craindre de se tourner en ridicule, Jean-Christophe Chauzy continue dans ce troisième recueil les auto-aventures parodiques de sa propre vie intime (romancée… enfin, on espère !) en historiettes. Il faut reconnaître que la formule est désormais bien rôdée et que les sujets de société abordés sont particulièrement bien choisis par la scénariste Anne Barrois Le concept est astucieux : le dessinateur est lui-même mis en scène, comme un grand couillon, du genre pas du tout adapté aux us et coutumes sociaux modernes. Comme un fait exprès, il se trouve régulièrement en situation de vulnérabilité totale, soit dans une position publique critique, soit sexuellement compromettante. Après le sketch sur Facebook (voir résumé), Jean-Christophe affronte une émission de relooking, un don du sang, une voyante, un séjour chez l’habitant (revival de Bienvenu chez les ch’tis), une salle de muscu et sa coach excitée, un cours d’éducation sexuelle (ultime !), un film SM qui n’y va pas avec le dos de la cuillère, ses parents tandis qu’il dédicace à Angoulême, et enfin une intervention en classe en tant qu’artiste professionnel. Pour parachever la mise en abyme et l’autodérision, la distinction ténue entre l’auteur et son personnage est habilement évoquée à plusieurs reprise, ainsi que la démarche exutoire et auto-psychanalytique d’exprimer ses difficultés à travers son art. Enfin, côté dessin, Chauzy (l’auteur, pas le perso) se met une nouvelle fois en relief en mode caricatural, avec une aisance graphique tangible, très agréable. Ah ah, pour peu qu’il se lise aussi, la boucle est bouclée !