L'histoire :
Jean-Christophe Chauzy, auteur de bande dessinées, est un peu ce qu’on appelle une « petite nature », un hyper sensible, une chochotte quoi, contre qui les évènements se liguent systématiquement. Par exemple, lors d’une séance de dédicaces, un balèze pas commode se présente et lui demande avec une certaine autorité le dessin d’un gros pédé avec du cuir et des chaînes, « pour Jean-Marc ». Devant un panel relativement restreint de solutions échappatoires, Chauzy s’exécute. Une minute plus tard, le Jean-Marc en question rapplique, sa dédicace à la main, très énervé, tandis que Chauzy s’est absenté. Le voisin de tablée, Lindingre, se fait alors le réceptacle d’un déferlement de rage…
Autre exemple : une gêne testiculaire amène Chauzy à consulter un urologue, le docteur B. Rutall. Empruntant l’élégante démarche de cow-boy inhérente à cet entrejambe sensible, notre auteur s’évanouit dans le cabinet dudit spécialiste (un gros moustachu en Marcel), à poil, avant même que ce dernier ne lui ait palpé le testicule. Il repart illico avec une nouvelle prescription, direction un cabinet d'échographies. Là, contre toute attente, une ravissante doctoresse « le prend en main »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
À l’instar de feu son compère Moerell, également poulain de Fluide Glacial, Jean-Christophe Chauzy a choisi de se mettre en scène à travers diverses situations fictives et/ou autobiographiques. Son personnage un peu veule de Jean-Christophe, déjà en place dans Un monde merveilleux (Casterman) reprend donc du service, pour la première fois ici sous bannière Fluide. L’axe thématique de ce recueil de 8 sketches en couleurs, initialement publiés dans la revue mensuelle, est celui du pauvre « Caliméro » à qui il arrive tout un tas de situations embarrassantes et/ou délicates et/ou douloureuses. La force de ces historiettes est de parvenir à cerner et à transmettre ces sensations que l’on traverse parfois, de hontes absolues (la groupie dans la chambre d’hôtel : perso, ça m’arrive tout le temps) ou insupportables (le type chiant en soirée). Chauzy se met donc en scène dans des décors très urbains, sur un style graphique à la fois réaliste et poétique, élégant et caustique. Car le dessinateur sait intensifier la caricature lorsque le besoin s’en fait sentir. Par exemple, les situations les plus embarrassantes lui valent un pif énorme de blaireau intégral, et la douleur aux roubignoles se traduit par un entrejambe en demi-cercle. La petite faiblesse se situe peut-être dans les chutes, d’inspirations inégales. L’efficacité des historiettes redouble en effet quand Chauzy est épaulé au scénario par ses deux compères, Zep (papa du célèbre Titeuf), et Lindingre (papa de la moins célèbre Titine). A découvrir, en écoutant en fond sonore le son de la roulette du dentiste…
