L'histoire :
Divorcé, urbain, célibataire, Jean-Christophe Chauzy, dessinateur de BD de profession, est ce qu’on appelle communément une « petite nature ». En pleine crise de la quarantaine, il se fait un monde de ses angoisses, petites blessures psychologiques ou physiques, et fait montre d’un don certain pour donner des proportions inimaginables à ses remises en question permanentes.
Par exemple, le voilà invité sur le plateau d’un jeu télé où, tandis que 3 concurrents répondent à des questions débiles, lui et une jeune et jolie confrère doivent réaliser des caricatures. Après s’être rapidement aperçu qu’elle trichait avec des planches tout droit sorties de son carton à dessin, il dessine de lui saborder les honneurs du présentateur…
Ou encore, après s’être mangé un râteau avec la nouvelle standardiste de son éditeur, il se résout à finir dans un bar à putes. Là, il doit supporter la tchatche abominable d’une call-girl, mais il finit néanmoins par l’embarquer dans son appart. Ils sont alors réveillés le lendemain par ses parents…
En pleine canicule, après un message sanitaire radiophonique, Jean-Christophe décide d’être un gentil garçon en portant un verre d’eau à sa voisine de palier, une personne âgée. Cette BA s’avèrera lourde de conséquences…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’instar du premier tome, l’auteur Jean-Christophe Chauzy se met en scène, en proie à des angoisses de quadra urbain célibataire, dans une succession d’historiettes plus ou moins autobiographiques, préalablement publiées dans le magazine Fluide Glacial. Quelle est la part exacte de vérité dans ces aventures ordinaires humoristiques ? On se doute passablement que Chauzy n’a pas les mêmes soucis avec son éditeur qu’il le décrit dans Diffamation… ou on espère que l’épisode où il termine déguisé en caniche-à-sa-mémère n’est que le produit de son imagination fantasmagorique… Néanmoins, la mise en scène parodique de cette permanente crise de la quarantaine résonne tout de même comme un exutoire. Il dessine cela avec une belle spontanéité de trait, complétée par une mise en couleurs aux frontières de la bichromie, laissant entrevoir un énorme potentiel sur d’éventuelles péripéties futures plus… poussées. Car la limite de l’ouvrage se situe au niveau des scénarii, dont les conclusions se révèlent souvent très « ouvertes ». Même si Lindingre et Anne Barrois contribuent parfois à l’invention de ces situations pétrifiantes, même si Chauzy joue au mieux de ses courbes et de ses tronches angoissées au cours de leur déroulement, les chutes sont un peu ternes… Au point de chercher parfois (en vain) la subtilité dans la case sensée conclure l’histoire…