L'histoire :
Monsieur et Madame ont fait le grand saut dans l’inconnu : quitter la ville, sa pollution, son stress, pour aller habiter à la campagne, dans un pavillon entouré d’arbres et d’un jardin potager, totalement isolé du reste de la société, au bout d’un chemin où personne ne passe, au milieu de la forêt. Madame est enjouée et ravie ! Monsieur beaucoup moins. Il a surtout accepté cette transition pour faire plaisir à Madame, mais il n’est clairement pas prêt à se passer de la vie moderne, du wifi, du supermarché… Madame a pourtant bien l’intention de l’obliger à organiser leur totale autonomie et ainsi à réduire complètement leur empreinte carbone. Afin que son mari accepte le challenge, elle définit un laps sabbatique d’un an. Elle lui fait d’ailleurs croire qu’elle a vendu leur appartement en ville… mais c’est la goutte d’eau qui fait déborder l’infarctus. En revanche, elle n’emporte effectivement bien qu’une petite valise, pour preuve de son désir de sobriété. Voyant cela, Monsieur commande sur Amazon tout ce qui va leur manquer. Il lui est néanmoins ensuite impossible d’accueillir les livreurs de leurs nouveaux meubles sans que Madame se doute de quoi que ce soit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Transition écologique oblige, pour cause de grave réchauffement climatique (vous n’étiez pas au courant ?), le sujet du retour à la terre est une thématique en vogue, en bande dessinée. De nombreuses œuvres prennent le parti de la vulgarisation biologique, afin d’expliciter la permaculture ou le végétarisme… Didier Tronchet, lui, évidemment, prend le parti d’en rire (un peu), afin de soulager l’éco-anxiété ambiante et légitime. Car oui, on sent bien qu’on ne va pas y arriver… Nos modes de vie modernes sont trop confortables pour que notre cerveau accepte les rigueurs de la sobriété. Et pourtant il faudrait faire un effort drastique pour parvenir à l’autosuffisance et au taux 0 d’émissions carbone : telle est la volonté vertueuse et le caractère volontariste de la partie féminine du couple de néo-campagnards ici mis en scène. La partie masculine agit comme le petit diablotin de la conscience, en cherchant à compenser la perte de confort par les vieux réflexes consuméristes. Par exemple, il plante ses graines dans le potager, arrose tous les jours, met ses bottes dans la boue, mais finit par aller acheter de beaux légumes présentables au supermarché. Retourner à la terre, ça ne s’improvise pas. Graphiquement, Tronchet déroule le trait stylisé qu’on lui connait bien, plus épais et stylisé que jamais, avec une colorisation souvent sommaire et très prononcée. Il rythme le tout en « gags », avec le ressort systématique de Monsieur, consumériste, qui réagit en rejetant ce que lui impose Madame, écologiste. L’humour est assurément plus « couillon » que vraiment fendard, mais l’objectif est de couvrir le spectre des différents aspects d’un retour à la saine vie campagnarde. Quitte à divulgâcher la fin : c’est raté.