L'histoire :
Nikos revient pour quelques jours dans son quartier natal d'Exarcheïa, au coeur d'Athènes. Il retrouve le bar de son oncle Christos, et promet d'y donner un coup de main à sa tante fatiguée, qui ne lui avoue pas tout de suite que son mari est hospitalisé. En faisant quelques pas dans le quartier, il retrouve son vieil ami Tzibis qui vent de sauver un junkie d'un tabassage en règle. Sur une place que les habitants ont reconquise en détruisant un parking, ils comptaient faire le ménage pour éviter que l'endroit devienne un lieu qui serve uniquement à boire et se droguer. Mais l'esprit anarchiste du quartier perdure malgré cela, et Tzibis voudrait demander à Nikos d'utiliser ses talents de dessinateur pour recouvrir d'une fresque un mur blanc au milieu de la verdure. Il refuse de se lancer dans ce projet, pensant à son départ prévu vers Paros et sa saison touristique. Mais une nouvelle information va le conduire à passer un peu plus de temps que prévu dans le quartier. L'immeuble que son oncle possède au cœur d'Exarcheïa a été envahi par des squatters, et Nikos va se rendre sur place pour tenter de résoudre le problème. Il va alors se trouver confronté à une situation et des rencontres qui vont bousculer ses certitudes et son idéalisme.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Nicolas Wouters organise pour le dessinateur Dimitrios Mastoros une balade dans les rues de la capitale grecque, entre les lieux militants, un café familial et un immeuble squatté par des immigrés en situation irrégulière. La longue promenade de Nikos confronte le personnage à des difficultés imprévues et des rencontres surprenantes. Une multitude de personnages et de séquences se succèdent, sans parvenir toutefois à donner à ce récit l'épaisseur d'une tranche de vie. Sur près de 200 pages, Nikos ne nous devient pas familier, alors qu'on aurait aimé percer un peu plus les secrets de ce quartier atypique dans lequel il revient passer du temps. Et le faire à travers les yeux de ce jeune homme qui se confronte à tant de situations difficiles, et dont une certaine forme de naïveté va disparaître peu à peu. Les images sombres du dessinateur grec prennent pourtant le temps nécessaire pour décrire le quartier, souvent derrière le chien pathétique dont les pattes arrières sont portées par un petit chariot de bois. Si ses pages sont techniquement réussies, elles montrent plutôt qu'elles ne racontent, et le récit pâtit d'enchaînements au rythme fluctuant. On observe alors plus qu'on ne participe aux expériences du jeune homme. Ses rencontres font pourtant écho à l'actualité récente et à l'afflux de réfugiés en Europe, mais sans empathie. Et semblent dessiner en creux un constat désabusé sur la nature humaine, à Exarcheïa comme ailleurs.