L'histoire :
Dans l’avion qui le mène en Afrique du sud, Patrick consulte un guide de voyage Lonely Planet qui donne le ton : « La ville de Johannesburg a le triste record de criminalité : 30 000 morts par an ». A l’arrivée à l’aéroport, il est accueilli par Méron, un ami de son père qui s’est installé en tant qu’imprimeur. Barbu et bedonnant, l’homme est jovial et insouciant. Dès les premières minutes, Patrick prend conscience de tout ce que la violence locale exige. Il y a 3 systèmes antivol sur la voiture, des barreaux aux fenêtres de toutes les maisons, des protections électriques ou armées dans la majorité des quartiers… L’imprimerie Méron, un bouge minuscule en taules et en barbelés, est également tout un poème. C’est pourtant là que Patrick doit travailler pour les 2 mois qui viennent. Patrick est aussi chaleureusement salué par Doudou, un ami de Méron, noir et irradiant en permanence de bonne humeur, roi de la débrouille. Il les invite à manger un mafé géant le soir-même au Tandoor. Patrick s’y fera farouchement draguer par la femme de son patron. Il apprendra aussi à conduire (à gauche !) dans un pays où il vaut mieux ne pas s’arrêter aux feux rouges…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album, publié une première fois en 2003 aux éditions de Seuil, ressort aujourd’hui sous la bannière du Futuropolis, enrichi d’un carnet final de croquis. Bien que fictive, l’histoire de Patrick est inspirée de celle de Pascal Rabaté lui-même, qui a réellement vécu quelques semaines dans la capitale d’Afrique du Sud, à l’occasion d’une invitation pour une « résidence d’artiste ». Au départ, l’attention de ce héros ordinaire et un peu timide est entièrement captée par la caractéristique majeure de la ville, qui est réputée la plus dangereuse du monde. Les amis qui l’encadrent lui permettent néanmoins de prendre petit à petit confiance et de se familiariser au mode de vie insouciant et débordant d’énergie. Cette « quête initiatique » et l’ouverture culturelle qui ressort de ce périple de voyage sont l’intention du bouquin. En noir et blanc, le dessin est couché sur papier avec une spontanéité directe, sur le mode du carnet de voyage : vite croqué, mais toujours très juste dans la mise en scène. Ce style de graphisme aux allures gribouillées rebutera clairement les amateurs de « beau dessin », aux formes appliquées et nettoyées… Mais il prouve superbement que l’art séquentiel se moque bien de la façon de dessiner pour véhiculer une histoire.