L'histoire :
Le cow-boy Ned a un tracas. Ça fait bien deux mois qu’il n’a pas descendu un type et ça commence à faire désordre pour un tueur à gages. Il se demande si cela est du au sortilège vaudou que lui a lancé une mamie à la Nouvelle Orléans. Il se demande ce qu’il se passera la prochaine fois qu’il devra tuer. Il prend donc un peu de temps pour réfléchir à tout ça, seul à travers l’ouest sauvage. Il en profite pour décrocher un pendu, un vieux en sous-vêtements, pas tout à fait mort. Un sentiment familial s’empare alors de lui et après s’être pris une cuite en compagnie du papi – qui ne se rappelle même pas son propre nom – il décide de l’adopter en tant que père ! Puis il rejoint son associé Zep, au bordel de Deadriver. Le bordel, c’est là que les deux cow-boys trouvent des contrats en général. Ça ne manque pas : une indienne prénommée Magic Child, plutôt charmante, se présente à eux et leur demande de retrouver Miss Hawkline, sa sœur disparue. Plus enclins à faire disparaître plutôt qu’à retrouver, ils acceptent néanmoins et partent en automobile – l’une des premières ! – en direction de Brooks, la demeure familiale…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Actuellement, il y a comme une mode pour le western loufoque aux rebondissements imprévus… Après Au centre du nowhere (Cornette et Constant) et en parallèle de Gus (Blain), sort donc ce BigFoot signé Nicolas Dumontheuil, libre adaptation du roman Le monstre des Hawkline de Richard Brautigan, romancier américain alcoolique. Le premier tome (sur 3 prévus) donne le ton d’une narration réjouissante, notamment par l’entremise de dialogues jubilatoires. Le « parlé vrai » de ces personnages truculents est assez crédible, au regard de ce que devait être le niveau culturel et l’éducation des cow-boys au début du XXe siècle. Sur ce ton humoristique se greffe une intrigue et des situations originales. Héros et seconds couteaux se livrent en effet à des activités pour le moins baroques, découpées astucieusement en 23 chapitres. Par exemple, Zep a besoin de compter, tout et n’importe quoi ; Ned adopte un vieil inconnu en tant que père ; Sheep Buggy est spécialiste du carnage de moutons ; les indiens coupent la langue de vaches vivantes pour les manger… Graphiquement, Dumontheuil a recours à un style de dessin moderne et caricatural, un trait fluide et décomplexé, judicieusement rehaussé par la colorisation ad hoc d’Isabelle Merlet, en 3-4 teintes ternes, en aplats. Chemin faisant, Ned et Zep seront amenés sur la piste du BigFoot, alias Sasquatch (prononcé ici Saswatch), anthropoïde légendaire des forêts nord-américaines. Ils débarqueront dans une demeure entourée de neige, dans les sous-sols de laquelle sont pratiquées d’improbables expériences de chimie… Bref vous voilà prévenus, Bigfoot n’est pas un western comme les autres.