L'histoire :
1905, middle west. Zed le noir et Ned le blanc, sont deux tueurs à gages blasés, un peu simplets, mais efficaces. Ils accompagnent Magic Child, une jeune et jolie squaw à la recherche de sa sœur Holly Dolly. Durant leur périple, de temps en temps, assez souvent même, ils font l’amour. Dans ces moments, Zed compte tout haut ses coups de rein. C’est un peu son toc à Zed : il compte tout, tout haut. Le toc à Ned, en ce moment, c’est qu’il ne supporte plus la violence. Embêtant, non, pour un tueur à gage ? Ça fait des semaines qu’il n’a plus tué personne et il se demande bien s’il en sera à nouveau capable. Alors il se contente de regarder son pote faire et dégueule dans son coin. Parfois, le fantôme de sa première victime vient le harceler aussi. L’explication semble pourtant résider dans ses souvenirs d’enfance enfouis… il se demande en effet s’il ne serait pas un peu indien… s’il n’aurait pas tué ses parents… il se cherche un père. Chemin faisant, ils entendent parler de plus en plus précisément d’un monstre appelé Big Foot, qui massacre ses victimes. Bizarrement, la piste de Holly Dolly semble suivre celle des traces du monstre. Un autre personnage pas piqué des hannetons est à la poursuite du Big Foot : le gros et hargneux Sheep Buggy, habituellement tueur de moutons, mais actuellement à la recherche de la renommée que lui rapporterait un tel trophée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On s’y retrouve tout d’abord très vite, Nicolas Dumontheuil ayant l’intelligence de nous resituer en 2-3 planches le décorum et les motivations des protagonistes. Ce faisant, l’auteur réitère cette verve narrative super drôle et parfaitement maîtrisée qui fait tout le sel de ce western pas comme les autres. Des phrases courtes, avec un impact maximum, assénées comme pourraient parler des cow-boys sans grande instruction, mais avec un vocabulaire d’aujourd’hui. Et puis ça part vraiment très loin en vrille, lors d’un mauvais trip aux champignons hallucinogènes… Chasse au Big Foot, quête de soi, recherche de Holly Dolly… Les objectifs de ce trio s’entrecroisent et se superposent, sans qu’on sache jamais où Dumontheuil va nous emmener à la page suivante. A nouveau découpé en une vingtaine de chapitre, la narration suit apparemment le fil du roman Le monstre des Hawkline, roman de Richard Brautigan dont s’inspire librement l’auteur. Surprenant en permanence, Dumontheuil emploie à nouveau le système graphique moderne que nous avions découvert au premier tome, un coup de crayon gribouillé, décomplexé, mais précis et très lisible. Reste encore un tome avant que ne soient (ou non) dévoilées toutes les conjectures décalées et franchement drôles de ce western parfaitement déjanté…