L'histoire :
Prunelle veut sauver la planète : elle prend des douches plutôt que des bains, elle trie ses déchets, elle écrit au dos de ses photocopies ratées, elle mange bio, elle utilise un liquide-vaisselle qui respecte la nappe phréatique, elle se déplace en vélo… Prunelle est une de ces personnes simples et attachantes qui sont capables d'embrasser leur banquier pour leur dire au revoir, sans se rendre compte de l'incongruité de la situation. Malgré tous ces talents, le démarrage de sa petite entreprise de naturothérapie commence mal. Comme à son habitude, elle accumule bourdes et maladresses qui la mettent dans des situations difficiles. C'est pourtant avec burlesque qu'elle raconte ses aventures à sa mère, tous les soirs. Quelle ne fût pas sa surprise de découvrir qu'une série raconte avec précision tous ses déboires et utilise mot pour mot ses expressions particulières, où lieux communs se mélangent allègrement. Elle finit par se rendre compte que le locataire du dessus, David, entend toutes ses conversations téléphoniques et utilise sa vie pour écrire le scénario de cette sitcom, qui commence à avoir beaucoup de succès. Prunelle décide de reprendre sa vie en main : elle négocie avec la maison de production pour rendre officielle sa position d'héroïne réelle, dont la vie est romancée à la télévision. David insiste pour tout arrêter, afin de protéger l'attachante innocence de sa voisine. Mais Prunelle se lance tête première dans le monde pervers du show business…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Didier Tronchet a un sens du comique de situation que beaucoup de scénaristes lui envient. Comment transformer une action simple, voir inintéressante, en une grande aventure ? Tronchet démontre une fois de plus, avec ce dytique qu'il a un don pour percevoir et rendre compte des situations les plus banales. Il décrit cette fois l'aventure d'un personnage féminin ressemblant pour beaucoup d'aspects à un certain Jean-Claude Tergal, certes en moins bête et sans l’obsession de séduction. Utilisant des caricatures totalement assumées pour chacun de ses protagonistes, il met en scène une galerie de ses personnages qui résonnent avec une justesse époustouflante. Quand au graphisme de l'auteur, inimitable et reconnaissable entre tous, avec ses lignes grossières et sa colorisation déstabilisante, il ne fait que souligner à merveille à la fois la tendresse et le comique du moindre volet de cette histoire. Plus qu'un compteur et un dessinateur, Tronchet souligne aussi la méchanceté humaine, écrasante et perverse, détruisant la beauté simple. On est de nouveau en plein dans la chronique sociale, une déferlante d’humour en sus…
